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rayons; on m’en montre le contenu, entre autres choses, je remarque des bougies qui doivent servir aux élèves pour travailler la. nuit. Tout cela est mieux .disposé que je ne l’aurais supposé. Je passe ensuite dans un couloir où je vois de grandes jarres qui contiennent de l ’eau du Nil pour abreuver les élèves. La salle à manger est une grande pièce ; les élèves se mettent à table et mangent à l’européenne me dit M. Mé- hémed-Àli-Bev. On ouvre une grande armoire pour me faire voir des assiettes et de grandes cuillers en etain. Comme je ne vois ni couteaux, ni fourchettes, je suppose que les élèves mangent avec leurs doigts. Un large escalier à peu près démoli mène au premier étage; il faut monter avec précaution. Je visite le dortoir, je n’aperçois ni chaises, ni sièges d’aucune nature, ni armoires ; je me demande où les élèves mettent leurs effets. Les lits sont en fer, petits; un seul matelas, deux draps noirs par la saleté, une simple couverture de laine bien maigre ; aussi les élèves ne sont-ils pas couches d’une manière trop brillante. Il y a des vitres aux fenêtres, ce qui n’est pas commun dans ce pays ; des r ideaux noirs arrêtent les rayons lumineux. M. Méhémed-Ali-Bey ne peut me montrer la bibliothèque, parce qu’on vient le chercher pour les examens. M. le docteur Méhémed-Ali-Bey est professeur de pathologie et de clinique externes. La première année, les etudes sont les memes pour les étudiants en pharmacie et en médecine. A la fin de la première année, on tire au sort et les uns deviennent pharmaciens, les autres médecins. Personne ne voudrait être pharmacien. Bien que la paye soit la même, il y a plus d’avantages à être médecin; de plus, le pharmacien est sous les ordres du médecin. I I DE S MÉDE C INS ET DE S PHA RMA C I ENS M. le docteur Y... me donne les renseignements suivants : En Egypte, les jeunes gens qui entrent dans la carrière médicale y entrent sans vocation et sans goût. Cela a été et sera toujours ainsi. Les élèves de l’ancienne école étaient aussi ignorants que ceux de la nouvelle. Ils sont aussi mauvais que possible. Ils ne sont bons que pour vacciner, et pour veiller à la propreté et à la salubrité des villes. Leurs études terminées, ils n’ouvrent plus un seul livre, et s’ils exerçaient réellement la médecine, ils feraient plus de mal que de bien. Ils sont sans moralité, et ils essayent de voler par tous les moyens possibles. Dans la haute Egypte, ils ne sont entourés d’aucune considération, et j ’ai pu en juger par moi-même. Je crois, et M. le docteur V... est de mon avis, que le rôle qu’ils jouent lors de la conscription leur attire le mépris de tous. Personne ne veut les consulter.


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