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reisàbord, ils travaillent assez et je n’ai pas trop à m’en plaindre. Quand ils rament, l’un d’eux chante, fait des fioritures et les autres répètent ensemble une sorte de refrain. Quelquefois ils poussent des cris d’admiration semblables aux : 0, 0, que nous adressons aux chevaux pour les arrêter. À cinq heures dix minutes du matin, tout le monde travaille avec ardeur. Un matelot veut quitter sa rame pour aller à l’arrière, mais le vieux reis qui désire gagner mes bonnes grâces depuis que je ne fais plus attention à lui, lui ordonne dedemeurer en place. Nos matelots appellent le reis « Reis Hassan » pour le distinguer de Hassan Effendi, nom qu’ils donnent par flatterie, à l ’ex-relieur qui nous sert de drogman. Il faut rendre cette justice à ce dernier (quoiqu’il ne vaille pas la corde avec laquelle on devrait le pendre) qu’il est toujours très-propre dans sa mise. Dans les grandes circonstances, il endosse un costume de drap, fort chaud sans doute, mais avec lequel il pose auprès des imbéciles qui l ’entourent et qui l’appellent « Effendi » gros comme le bras. Il faut le voir aller à terre canne à la main, et se rengorger comme un paon, quand les marchands, pour lui vendre leur marchandise, écoutent ou semblent écouter avec bonheur les récits qu’il leur fait. 2 2 mai. Cette nuit, j ’ai beaucoup souffert de mon oeil gauche. J ’ai une blépbarite fort intense. Quand je me réveille, mes paupières sont enflées ; à l’angle interne, j ’ai une' quantité considérable de muco-pus épais, sécrété par la face postérieure de ma paupière inférieure. Chaque fois que je pleure je me sens soulagé. A. plusieurs reprises je mets du collvre. J ’éprouve des douleurs atroces à 1 angle externe des paupières, comme si on me brûlait avec un fer rouge. Dans la nuit, je prends un gramme cinquante centigrammes de poudre de jalap, ce qui me procure le matin trois ou quatre selles. 2 ju in . Hier soir, nous avons quitté Siout à huit heures trente minutes, mais vers dix heures, le vent est devenu tellement violent que nous avons dû nous arrêter au village de « Él-Boulediah ». C’était une véritable tempête. Cette huit, j ’ai bien dormi; je m’habitue à ma mauvaise couche. Je croyais pouvoir coucher vêtu simplement d’une chemise, mais le froid m’a réveillé, et comme les deux nuits précédentes, j’ai dû mettre sur moi une grosse couverture et mon manteau. Ce matin, nos matelots rament avec ardeur, puis après le lever du soleil, ils s'attellent, à la corde et leur zèle est si grand qu’ils marchent, ma foi, fort bien. Impossible d’avoir du lait, je prends du vin et de l ’eau sucrée avec des rôties, cela me convient. Toute la journée, vent du nord très-fort. Nos matelots ne se imposent que pour déjeuner. M. FF. donne lui-même au cuisinier le sucre et le café toujours avec ses affreuses mains qu’il ne lave jamais, et qu’il promène constamment sur ses ulcères. Nous déjeunons avec du mouton et du poulet. J ’offre une de mes belles pommes à M. FF. qui la refuse en ine disant qu’elle est mauvaise ; je mange alors toutes les autres. L’Anglais est toujours furieux des cadeaux que je reçois.


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