glais. La nuit, il dort parfaitement; le matin, à peine «veillé, il crie : « Café. » Il tombe de son lit ; et, sans culotte, en chemise rouge, les jambes découvertes pleines de pustules d’ecthyma et d’ulcérations en partie cachées par des bandelettes de sparadrap que je lui ai données, il arrive en trois ou quatre sauts sur le canapé du salon, et il place ses pieds dégoûtants sur les oreillers et les coussins. D’une main il mange gloutonnement et de l’autre, armé d’un moustiquaire, il fait la guerre aux mouches qui le poursuivent. Pendant le déjeuner, il tripote alternativement les rôties et ses ulcères fétides, il se gratte, il me montre ses jambes : c’est ignoble. Il a de véritables poses de fou. Il avale, il engouffre comme un affamé. Je me lave les mains avant de me mettre à table, lui jamais ; il l ’a fait une fois seulement. Pendant le repas, il attrape des mouches qu’il écrase devant moi. A peine a-t-il englouti quatre ou cinq rôties et une tasse et demie qu’il va rejoindre son grabat. 2 5 avril. Le dîner a lieu comme le déjeuner ; après le dîner il se couche. Ce matin, je me suis éveillé avec des idées tristes; pour la première fois, je m’ennuie, je. me trouve seul. Depuis bien des jours en effet, je n’ai pu échanger une parole sérieuse avec qui que ce soit. Tout d’abord l ’espérance de rapporter des vues de voyage à ma mère, faisait ma joie; mais la photographie est impossible ou à peu près. L’Anglais est devenu moins insupportable depuis qu’il est malade, mais les repas sont pénibles. Il est si malpropre! Il mange avec un couteau. Il rejette de sa bouche la moitié de ce qu’il mange, puis il a le regard tellement égaré qu’on le dirait échappé des petites-mai- sons. Ses plaies inspirent le dégoût le plus profond et le malheureux ne les cache pas; elles exhalent une odeur insupportable. Enfin, c’est terrible de voyager avec un être qui ne vous dit que des bêtises révoltantes. Tout cela me fait hâter mon retour, d’autant plus que je voudrais aller visiter la Palestine et Constantinople. Le pourrai-je? J ’en doute, à cause de la grande chaleur. J ’ai besoin de parler à un être raisonnable, et je suis bien ennuyé de n’avoir pu partir avec le consul de Piémont. Faute de mieux, je voudrais voir arriver le marchand grec avec lequel je parle espagnol; sa conversation du moins m’apprend quelque chose. 7 mai. Je m’éveille vers deux heures. Tout le monde sommeille à bord. Je vais voir sur le pont ; le bateau va peut- être à la dérive, peut-être est-il arrêté par quelques pierres ; il est au milieu du Nil. A sept heures et demie, je fais appeler le reis (chef de la barque), je lui disque depuis dèux jours, je m’aperçois que tous ses gens dorment la nuit, laissant aller le bateau à l ’aventure, je le menace de le faire punir dans toutes les villes où nous passerions, chaque fois que pareil fait se reproduiiait. 1 8 m a i. Nos matelots ne veulent point ramer quand le vent est contraire, et quand il est tombé, ils laissent aller le bateau à la dérive,Cependant, depuis la présence de deux
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