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je ne puis savoir qu’approximativement à quelle distance j ’étais de Port-Saïd. L’apparition d’objets dans le ciel peut avoir lieu quand ces objets sont séparés de l’observateur par du sable. En remontant le canal, avant d’arriver au cap, j ’apercevais une montagne qui me paraissait en l’air. Le sommet était plus net que la base. Comme je remontais vers le sud et que je ne me suis pas rapproché, elle m’a toujours paru en l’air. Un mot ici de la plus grande importance. Le mirage est la reproduction d’une chose vraie et dans sa position naturelle. Ainsi cette montagne (je l ’ai observée plus tard, sans mirage et de très-près) avait bien la forme que je lui connaissais, mais elle m’a paru plus basse que le mirage me l’avait fait supposer. Jamais je n’ai vu d’hommes ni de bateaux renversés. Je ne nie pas que le fait existe, mais je ne l’ai pas observé. L’effet du mirage le plus simple est celui qui est produit par la chaleur. L’air s’échauffe, et vous le voyez trembloter, vibrer et décrire des ondulations que j ’ai pu bien souvent dessiner. A Port-Saïd, vers onze heures ou midi, en regardant du côté du lac, du côté sud, on voyait (avec une longue-vue) vibrer l ’air, non pas à l ’horizon, mais sur les objets placés au-devant de l’horizon. Par transparence, au travers de cet air échauffé, on apercevait les objets, mais ils paraissaient trembloter et décrire des mouvements presque fantastiques. Ces mouvements tenaient à ce que les rayons lumineux réfléchis par ces objets , traversaient une couche d’air échauffée et en mouvement ascensionnel, par la réfraction celles-ci les tordait, les repliait de mille façons. Cet air échauffé est d’aspect semblable à celui de l’air que l ’on voit courir sur le côte d un tuyau de poele fortement chauffé; il ressemble.à l ’éther qui se vaporise. Cet air échauffe au contact du sol ou de 1 eau, suit l’impulsion du vent et on peut le voir courir. N’y a-t-il pas de vent, il s’accumule èt il devient assez dense pour intercepter les rayons lumineux provenant des objets placés derrière lui; Le 1er juin 1862, quand nous avons été débarqués sur la plage (embouchure du Nil, rive gauche), nous avons aperçù de l’air échauffe courant en vibrant devant les maisons placées vers l ’ouest, à cinq cents mètres peut-être de nous. Cet air vibrant n’était pas assez épais pour cacher les objets devant lesquels il courait, aussi, avec la longue-vue, les apercevait-on derrière cet air. La couche d’air .échauffé était plus considérable près du sol qu’au-dessus du sol. Pour bien apercevoir cette couche, il faut que derrière elle soient des parties de couleur foncée ; les objets de couleur verte surtout font un excellent effet, et l ’on voit très-bien l’air échauffé courir devant des palmiers. La plus haute couche d’air échauffé que j ’ai vue, avait six à sept mètres. Les objets que l’on aperçoit à travers un air éthéré, vibrant, semblent vibrer aussi; les branches de palmier semblaient onduler et décrire des espèces de torsions.


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