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et on leur fait apprendre un état ; actuellement on les expédie pour l’Europe. Les juifs, pour punir les convertis, ont mis leurs noms sur la queue des chiens. M. le ministre me dit que les pèlerins sont d’une grande exigence. Leur refuse-t-on ce qu’ils demandent, ils menacent de se faire grecs, arméniens, catholiques, et pour prévenir leur défection, on leur accorde ce qu’ils veulent. Dernièrement, le pasteur s’est débarrassé à grand’peine d’un pèlerin allemand qui voulait absolument coucher chez lui et qui menaçait de se faire grec. Les juifs convertis ne le sont qu’à moitié ; le plus souvent, ils retournent à leur religion primitive. Quelques- uns même ne le sont que de bouche, mais ils font élever leurs enfants dans la religion protestante. Cette mission, très-coûteuse, ne donne que de piètres résultats. Vers six heures, on me conduit au couvent des Arméniens ; dans une annexe de ce couvent demeurent les coptes abyssins. L entrée de cette demeure est fort malpropre. On passe à côté d’un tas d’ordures qui exhalent une odeur infecte ; c’est à suffoquée. Dans la cour, j ’aperçois le long des murs quelques-uns de ces malheureux noirs que le fanatisme a conduits dans un pays où nécessairement ils doivent mourir rapidement; ils sont maigres, décharnés, tristes, mais leur figure paraît s’animer quand je leur parle de leur pays ; ils sont d Adoua, dans le Tigre. L’un d’eux, à mine distinguée, connaît les frères d’Abbadie. Ils savent qu’autrefois, chez eux, on mutilait les prisonniers de guerre ; ils savent aussi que les guerriers détachaient les organes génitaux des vaincus pour les suspendre à la tête deleurs montures, mais ils ignorent, disent-ils, qu’on ait suspendu de pareils trophées au cou de sa bien-aimée ou à son propre col. Ces pauvres malheureux sont logés et nourris par les Arméniens; je vois leur pitance et elle me semble fort maigre. La chapelle du couvent est bien pauvre et bien sombre, dans un angle, on voit une quantité de grandes cannes qui ressemblent à des béquilles, elles servent aux moines pour s’appuyer pendant l ’office. Ici, une colonne élevée dans une rue, indique toujours un sanctuaire, c’est-à-dire un endroit où s’est passé un événement pieux. Il y a quelque temps, rien n’indiquait à Emmaüs le lieu où Jésus-Ghrist avait apparu à ses disciples. Un bon moine s’est mis dans la tête de trouver là un sanctuaire, et il y a réussi. Actuellement une vieille dame pieuse a acheté le terrain pour y faire bâtir un couvent. Chaque couvent contient un sanctuaire où il y a droit d’asile, même pour les criminels. Les moines prétendent toujours que leur maison est à eux et ils ne reconnaissent pas l’autorité turque ; mais celle-ci est sauvée par les querelles des chrétiens. Les moines fabriquent des objets de dévotion qu’ils vendent eux-mêmes. En Orient, le chapelet est un joujou, les musulmans le parcourent des doigts constamment, les Grecs, les Syriens chrétiens, en font autant. A Jérusalem, il y a : un patriarche latin, un patriarche arménien, un patriarche syrien et un évêque anglican. Il paraît que les prêtres syriens (schismatiques) ne peu


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