cher sur les fidèles en brûlant des parfums dans des cassolettes. Enfin le cheval a paru monté par le cheik. Un instant, l’animal a hésité devant le tapis humain, puis il a mis le pied sur le premier homme et s’est avancé lentement. Le cheik avait un énorme turban vert, et il portait, obliquement attaché sur le turban,- un magnifique cachemire. Sa main gauche semblait tenir la bride, sa main droite était écartée (je n’ai pu apercevoir sa belle bague). Il avait l ’air de marmotter quelque chose, une prière probablement. Trois hommes l ’accompagnaient. Le cheik passé, on relève les victimes; des individus les prennent à bras le corps et les élèvent en l ’air. Tous ces malheureux paraissent abasourdis ; on dirait qu’ils ont vu quelque chose d’effrayant ou qu’ils ont éprouvé une sensation horrible. Ceux qu’on enlevait à bras le corps avaient, presque tous, les yeux et la bouche à, demi- ouverts, lés bras très-écartés. On reconnaît facilement ceux que le cheval a écrasés,.à leur figure défaite; ceux qui peuvent marcher sans aide, ont l’air d’être ivres, ils avancent la tête en avant, et à chaque instant ils ont besoin d’être soutenus. Dans cette occasion, je n’ai pu voir que ce qui s’est passé devant moi, mais je puis affirmer que les trois quarts des victimes sont abîmés. Hier, me disent ces messieurs, deux Arabes ont été emportés comme morts dans la maison du cheik. On fait revenir les blessés en les élevant et en compriment leur poitrine. J ’allais me retirer, quand on vient me dire qu’un homme est mort écrasé, Aussitôt je traverse la foule avec M. N., j ’écarte les gens qui font cercle, et j ’aperçois un individu couché sur le dos. Il a les yeux fermés, les lèvres décolorées et humectées par un peu de bave ; il ne fait plus aucun mouvement. Un Arabe essaye de le rappeler à. la vie, en lui faisant jouer l’articulation du genou, et en lui soulevant les jambes et les,cuisses, mais c’est en vain ; la jambe et la cuisse, abandonnées à elles-mêmes, retombent lourdement sur le sol. Un autre Arabe agite l’air devant la figure du malheureux, également sans succès. Alors M. N. crie, en me montrant: « Hakim, hakim, » et je me baisse'pour prendre le bras gauche du blessé. Je veux tâter le pouls, et je ne puis le sentir. Pendant que je cherche encore, un fanatique saisit mon bras et s’efforce de l’écarter du moribond, en murmurant: « Il n'est pas besoin de médecin. » Je m’aperçois alors que l ’assistance voit de très-mauvais oeil mon intervention. Malgré cela, je m’apprête à recommencer, quand N. me dit: « Allons-nous-en; nous ne sommes plus en nombre, ces messieurs sont partis., » En effet, nous étions tous deux seuls au milieu de là foule, et si nous avions insisté, on aurait pu nous maltraiter. Aux yeux des bons musulmans, cet homme était un saint, et, par mon contact, je le souillais, car je suis impur. Nous avons à grand’peine traversé la multitude pour aller reprendre notre voiture. • ■ < Le peuple paraissait mal disposé pour nous. Sur les terrasses, aux fenêtres, il y avait grand nombre de femmes couvertes de fort beaux habits et le visage, découvert, .
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