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« Vivent les musulmans! A mort les chrétiens ! » flsrchan- taient : « Que lès chrétiens périssent tous et que les musulmans soient immortels ! » C’est H.., qui nous a traduit leurs cris ; nous avons bien ri, et il y avait de quoi. A neuf heures, je vais à la gare assister à la réception du -tapis de la Mecque. Nous prenons place sur une terrasse à côté du bureau du télégraphe ; elle est déjà pleine de curieux. Une foule considérable a envahi Là gare et se promène au milieu des rails du chemin de fer avec une insouciance réellement prodigieuse, Un kiosque a été construit au nord de la gare; il est richement orné, garni de canapés et élevé au-dessus du sol; j ’aperçois dans l ’intérieur des Turcs richement costumés. En face: de nous,'.sont les sapeurs avec leur shako eu peau d’ours noir et leur tablier de cuir. A côté d’eux, on aperçoit la musique et les soldats. Tous ces hommes sont noirs portant le fez à plaque de euivre. Les fantassins ont le-sac au dos, ils ont un fusil, mais pas de sabre. A neuf heures' et demie, le sifflet du train se fait entendre, et quelques.instants après, je vois la foule .s’écarter pour laisser passer le convoi qui avance au -milieu de cette multitude. Très-certainement il doit arriver desaccidents dans une pareille cohue, mais comme il n’y a pas de journaux pour les rapporter, tout passe inaperçu. Dans un des nombreux wagons, j ’aperçois les soldats noirs qui accompagnent le tapis. Ils sont habillés de blanc, veste blanche, pantalon blanc, ils ont des souliers aux pieds et sur la tête un fez rouge. Sur le dos, ils portent un -sac, et derrière celui-ci une bouteille en cuir pour contenir de. 1 eau. Dans d’autres voitures soigneu- Sement fermées, il y’a des harems qui reviennent de la Mecque. . Enfin, sur un truc, vient le tapis recouvert d’une espèce de tente. Elle ressemble tellement à la petite mai- • son que l ’on place sur les dromadaires en voyage, que je Croyais d’abord avoir affaire à une litière quelconque. Au-dessus de la tente ou rnahmal terminé en pointe, il y a une tige qui soutient un petit globe ; le tout est surmonté d’uil croissant. Le tapis, en velours rouge, mais passé, est couvert de broderies fort riches ; sur le truc qui le porte sont rangés plusieurs personnages.- L’un d’eux attire l’attention: c’est le derviche qui a le privilège d’accompagner, chaque année, le tapis. Ge derviche est un gros gaillard,, nu jusqu’à la ceinture, portant pour tout vêtement un pantalon blanc ; il a des cheveux longs tout ébouriffés. Dès que lé train s(’arrête, la foule se précipite pour toucher le tapis, et les'cawas ont grand’peirie à écarter les fidèlès à coups de bâton. Après'le truc privilégié, vient un wagon richement décoré sur lequel un fidèle agite un drapeau vert. Dès l ’arrivée du mahmal, la musique se fait entendre, elle ne joue pas en mesure et elle abuse surtout de la grosse caisse. Bientôt on amène devant le inahmâl lé dromadaire chargé de le porter. Il paraît que cet animal n’a ' pas d’autre emploi ; revenu de voyage, il se repose jusqu’à l’année suivante, Il est sacré; on respecte sa vieillesse, et il meurt toujours dè mort naturelle, jamais on ne le tue. Il a la tête et le cou recouverts de velours rouge brodé, et, sur le dos, une magnifique selle, qui


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