xvm DISCOURS PRONONCÉ SUR LA TOMBE DU D' E.' GODARD. grets unanimement donnés à la mémoire d’Ernest Godard par les princes de la science, ses maîtres d’autrefois devenus ses amis, et tâcher de faire connaître les qualités exceptionnelles de coeur et d’esprit qui, de la part d’Ernest, ont motivé pour lui l’amitié si flatteuse de ces âmes d’élite. A l ’âge où, naissant à la vie d’homme, chacun de nous songe aux obligations que lui fait sa position et au rôle qu’il jouera dans la société, Ernest Godard avait déjà devant lui, tout grand ouvert, un chemin de riche avenir honorablement préparé par sa famille. Au commerce qui, tout souriant, l’appelait à lui en lui montrant la voie tracée vers des succès, sinon faciles, au moins singulièrement facilités, Ernest a cependant préféré la pénible carrière des sciences , où, malgré quelques antécédents de famille, tout pour lui était à faire. N Les honorables souvenirs laissés par son aïeul maternel, le docteur Marquet, l ’éclat donné à ce même nom par son oncle le docteur Régulus Marquet, mort glorieusement pour la science dans un voyage d’exploration à travers les Cordillères, ont pu sans doute éveiller Ejnest à l ’amour de la science. Mais il est certain qu’à quarante ans de distance, quand d’ailleurs le théâtre et les conditions delà lutte sont si complètement changés, ni les souvenirs laissés par son aïeul, ni les états de service de son oncle, n’ont pu se présenter à l’esprit d’Ernest Godard, comme des titres à faire valoir dans une carrière ou les plus favorisés ne peuvent jamais être que les plus méritants. DISCOURS PRONONCÉ SUR LA TOMBE DU Dr E. GODARD. xix C’est donc en ne comptant que sur lui-même, qu’Er- nest Godard s’est mis résolûment à l’oeuvre de son avenir de savant. Dans toutes les carrières les débuts sont difficiles,. mais, dans la carrière des sciences, plus que dans aucune autre, à cause de la somme de vérités déjà acquises, les débuts sont chaque jour rendus plus difficilement remarquables ; plus qu’ailleurs encore, parce qu’il faut préserver les hautes régions de la science de l’envahissement du charlatanisme, les positions y sont sévèrement gardées. Si donc, pour s’engager dans cette laborieuse carrière, il faut une vocation bien décidée, pour y persévérer, il faut une dose de patience acharnée, une force de volonté et d’entrain qui ne sont que par exception l ’apanage des fils de famille. Si, du moins, en attendant de plus définitives compensations à ses rudes travaux, le néophyte de la science avait, pour l ’encourager et le soutenir dans sa vie d’étude et d’abnégation, un peu de la popularité qui flatte l’amour-propre ; aux lueurs caressantes du présent, il pourrait plus doucement attendre le grand jour de l?a- venir. Mais il n’en est rien! L’âme des savants doit être d’une trempe particulière. Leur plus ordinaire récompense est l ’oubli, et parfois l ’ingratitude. En effet, la foule, qui savoure si sensuellement les avantages que lui procurent les découvertes de la science* ne connaît que peu ou point le nom de ses primitifs bienfaiteurs; elle n’a d’ailleurs d’admirations que pour les tapageurs et les miroirs à facettes j et les savants n’ont
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