Chaque fois que L ... allait passer la nuit avec cette dame, il laissait une lettre sans adresse sur sa table, et disait à son domestique, que si, le lendemain au matin, il n’était pas rentré, il remit la lettre à son père. L... indiquait dans quel harem il avait passé la nuit. Au bout de quelque temps, fatigué de visites aussi périlleuses, la dame ne pouvant venir chez lui, il cessa d’aller chez elle. Alors elle lui envoya l’eunuque. Celui-ci lé tourmentait, lui jurant qu’il n’y avait aucun danger; puis, il se lamentait, lui disant qu’il lui faisait perdre un beau châle que la dame lui avait promis. Il paraît que les dames turques sont fort aimables avec leurs amants. Elles ne connaissent pas tous lés raffinements de la débauche de l ’Occident, mais dans dé pareilles aventures, elle font tout ce qu’elles peuvent pour vous être agréable; elles sont adorables d’amour. Chaque fois que L... allait chez la feirtme mariée, c’était la nuit et il y avait illumination : une illumination pour les Arabes est le signe d’une grande joie. Elle le servait comme un esclave, ét il n’y avait pas d’attention qu’elle n’eût pour lui. Je demande à L... comment une femme peut avoir assez d’argent pour payer un eunuque, et faire des cadeaux à son amant. Il me répond qu’elle a l'argent de sa dot, elle vend les bijoux, les vêtements qui lui appartiennent. C’est ce qui explique le nombre des rentes faites au Cancalil. Les vieilles font encore le métier de procurer des jeunes gens aux femmes. Celles-ci sont fort exigeantes. Quand on les voit, on parlé le langage de Famoür. Elles vous appellent leurs yeux, etc., etc... C’est au bain que se nouent aussi les intrigues amoureuses et que les vieilles vous trouvent des femmes. Ainsi deux femmes venaient chez L... sous prétexte d’aller au bain. Il ne les recevait pas dans la maison de son père, mais dans un petit appartement qu il avait disposé à cet effet. Quand les femmes européennes veulent courir, elles prennent le costume arabe, ce qui les empêche d’être reconnues. Le fils de la propriétaire de la maison qu’occupe madame C..., jeune mauvais sujet, mais très-joli garçon, a été racollé une fois. Il fut amené dans une belle maison où il vit une fort jolie personne. Il aurait bien voulu la posséder, mais on lui montra la femme qui le faisait venir; c’était une vieille. Elle lui offrit une poignée de guinées qu’il n’accepta pas.. En entrant, il avait aperçu au rez-de-chaussée un vieux Turc qui fumait. Comme ce Turc lui faisait peur et que la femme ne lui plaisait guère, il dit qu’il était marchand et qu’il avait oublié de fermer sa boutique. Il sortit pour l ’aller fermer, mais il ne revint plus.
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