dame lève les stores dé la voiture pour voir ce dont il s’agit, et comme elle avait le visage découvert, L... la trouva admirable. Cette dame faisait partie du harem de la grande princesse; déjà pleine d’amour, elle voulut savoir le nom du beau jeune homme qu’elle avait rencontré. L ... est fort bien. Elle lui envoya, par son eunuque, un mouchoir brodé avec des fleurs brodées aussi, plus une belle bourse (vide, je pense) et d’autres bibelots qui constituent pour celui qui les reçoit une déclaration d’amour en règle. Il paraît qu’en Orient, les femmes aiment à faire des cadeaux à leurs amants. L... Bey lui envoya par l’eunuque des odeurs de France, contenues dans une belle boîte. La dame voulait autre chose, elle demandait à L... de venir chez elle. Comme elle n’était pas grande dame et qu’elle demeurait chez la grande princesse, femme peu aimable, L... ne voulut pas y aller. Ceci se passait à Alexandrie. Plus tard, cette femme vint au Caire et elle visita L... chez lui. Il la déflora. La pauvre jeune fille, admirable de beauté, était une Circassienne de dix-neuf à vingt ans, appartenant à la grande princesse. Chaque fois qu’elle venait le trouver, elle restait deux à trois heures avec lui. La deuxième fois, elle perdit la tête; elle disait à son amant qu’elle ne voulait plus revenir au harem, qu’elle aimait mieux mourir. Il paraît qu’elle était ravissante et d’une douceur admirable. L... Bey n’avait rien à craindre chez lui, où il était bien armé; Il con tinua à la voir pendant longtemps, jusqu’à ce qu’elle fut passée aux mains d’un autre maître qui l ’empêcha tout à fait de sortir. L... m’a raconté une autre histoire : Un jour, un eunuque vint lui demander s’il voulait aller chez une dame. L... accepte ; le soir venu, il va au rendez-vous. Une vieille femme l ’introduit, en le faisant cheminer par de longs corridors, dans le harem d’un riche Turc. L... avait deux pistolets et un poignard; d’une main, il se laissait guider par la vieille ; de l’autre, il serrait convulsivement la crosse d’un pistolet. Tout à coup, une porte s’ouvre et il aperçoit dans une pièce éblouissante de lumière et d’une grande richesse, une femme admirable. Celle-ci accourt auprès de lui, l’appelle son maître; lui ôte elle-même ses chaussures; lui met aux pieds de belles pantoufles brodées et le revêt d’une magnifique robe de chambre. Elle lui sert, elle-même, le café, et lui donne la pipe.. C’est ainsi que les femmes agissent avec leur mari. Il passa près d’elle une huit qui fut une nuit de bonheur. Cette femme avait fait préparer un joli souper : viandes froides, fruits, confitures, pour réconforter son amant. Il paraît que ces dames s’y entendent fort bien. Pendant un certain temps, il allait chez elle trois, fois par semaine. Une fois, pendant qu’il y était, le mari rentre et il dut se cacher dans un coffre où il aurait pu s’asphyxier. Il avait un pistolet à la main, le doigt sur la détente, et disposé à faire feu, si on soulevait le couvercle. Dans de pareilles aventures, les Arabes tueraient aussi bien un Européen qu’un compatriote. Heureusement, la dame se dit souffrante et le mari rentra chez lui.
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