Madame M... n’a jamais voulu me dire ce qu’elle avait vu. Madame X... me dit que sur les trois fdles nées de l ’Anglaise, les deux aînées parlent anglais et français ; la dernière, âgée de quatorze ans environ, ne sait pas ces deux langues. L’aînée des filles a dix-neuf ans environ; elle est séparée de son mari ; la deuxième a dix -huit, ans, la troisième, quatorze ans. Il paraît qu’elles sont fort bien. Madame de A... et madame Al... ont été reçues par la femme légitime de N... Pacha, à laquelle elles ont été présentées par la femme du consul d’Italie. Depuis le départ de N... Pacha pour la haute Égypte; son épouse est venue habiter le palais de la citadelle. Il paraîtrait qu’ils n’habitent jamais le même palais. Je tiens de ü... et de L... que N... Pacha ne va qu’une fois l’an dans son harem : franchement, ce n’est pas trop. Ces dames ont été. reçues avec un grand cérémonial ; la princesse s’est levée pour les saluer. C’est une femme grande, maigre, à figure intelligente et bonne; elle est fort souffrante, et tousse constamment. Comme elle fumait beaucoup, qu’une pipe n’en attendait pas une autre, madame A... lui a dit que cela lui faisait peut-être du mal; elle a répondu qu’il lui serait impossible de vivre sans fumer. Madame A... lui a conseillé de consulter des médecins européens ; je ne me rappelé pas la réponse faite, mais ses paroles témoignaient une grande indifférence. Cette princesse paraît fort malheureuse, et de n’avoir pas d’enfant, et du délaissement de son époux. Pendant que ces dames étaient là, il est venu beaucoup d’autres visites. En général, ces dames arabes ou européennes s’asseyaient sur un divan, saluaient, restaient quelques instants, puis s’en allaient. Il paraît que la princesse est accablée de demandes d’audience. Dans la grande pièce où elle se trouvait, il y avait un fort beau tapis européen ; la porte, qui donnait sur le jardin, était ouverte ; aussi faisait-il très-froid. 13 décembre 1861. Madame K... et sa dame de com- ■pagnie, conduites par madameC... d’Alexandrie, ont été visiter le harem de M... Bey. Elles ont été reçues par la femme légitime, belle brune fort affable. Celle-ci était couverte de diamants, elle en avait-partout, sur la tête, au cou, aux doigts. Elle était admirablement vêtue ; une robe brodée d’or, d’une valeur de trois mille francs ; un pardessus en velours de France, cols à l ’européenne, bottines françaises. Cette dame a offert du café aux visiteuses ; elle a longtemps contemplé lé costume gracieux de madame K ..., elle a voulu voir comment toutes les parties étaient arrangées ; mais elle n’a pas exigé que madame K ... se déshabillât, elle ne lui a même pas adressé de questions sur son époux ; cela me paraît extraordinaire, car il est rare qu’une Européenne sorte d’un harem sans avoir été déshabillée et interrogée sur tous les points. Peut-être madame K... m’a-t-elle caché quelques détails. Il paraît que la femme légitime vient de perdre trois enfants, parmi lesquels une petite fille de six ou sept ans. Elle en était encore désolée.
27f 30-1
To see the actual publication please follow the link above