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rie, de quincaillerie, d’indiennes, qui se mesurent par brasses, coudées et empans. Il y a les parfums rien de ceux d’Arabie : des laissés pour compte de cosmétiques rances, d’essences communes. Il y a nos vieux ribouis fraternisant avec les chaussures indigènes d’occasion. Un « meskine » va très bien babouche à un pied, à l’autre bottine jaune veuve de ses lacets. Dans l’uniformité blanche des costumes éclatent la veste écarlate et la culotte bleue des spahis, les extravagants burnous des nègres distingués, ne craignant pas le mauve, le safran, le lie de vin, le vert pré, fautes de goût que ne commettrait pas un Arabe. Ce sont les harratin, affranchis soudanais qui facilement deviennent tuberculeux. Quel soleil leur faut-il donc? Et on achète, et on vend, et on troque, avec d’âpres marchandages, et on fait de l’agio et de l’usure, éperdument. Tout autour de la grand’ place c’est le beau quartier : le quartier neuf, riche, administratif, militaire, lequel va s’étendant vers la gare, reliée à la ville par un primitif petit tramway à mules. On y voit des maisons en plâtre cuit, avec des fenêtres et la façade ornée d’un balcon, suprême élégance locale. Il en est de fantaisistes aux balustres faites de bouteilles placées tête- bêche, du plus heureux effet. Splendeurs auxquelles vous préférerez le vagabondage à travers le dédale obscur de la vieille ville en ses divers zgag plus ou moins hostiles les uns aux autres, chacun retranché entre ses remparts de pisé : celui des nègres et celui des juifs, celui des étrangers, ceux des Touggourtins selon leur çof. La plupart de ces venelles tortueuses sont couvertes, bonne précaution pour le temps chaud. Un âne chargé de fagots suffit à les barrer. Vous vous aplatissez de votre mieux contre les sinistres murailles couleur de cendres derrière lesquelles palpite une vie invisible. Des bancs de maçonnerie les rétrécissent encore, où les hommes parfois s’accroupissent pour respirer les effluves de ces poussières chaudes soulevées par les rares passants, faites de la dessication des immondices. Des culs-de-sac sinistres s’enfoncent dans les ténèbres, où parfois un rayon blême filtre d’un de ces puits que sont les cours intérieures. On dirait d’un immense terrier. Mais ils ont leur cité aérienne de terrasses blanches. De ci de là une porte tailladée d’ornements géométriques, peinturlurée de rouge et de vert, décèle la demeure d’un notable. Elle est passée au lait de chaux, se glorifie d’un étage; une ou deux lucarnes la trouent et on devine derrière le grillage des regards curieux de femmes. Voilà qu’on débouche sur une placetté mangée de soleil. Auprès du puits accosté d’un palmier, un tas d’oranges et de grenades éclate violemment sous le pan de ciel d’un bleu ardent. Puis on retombe dans ces cheminements où la lumière s’éteint, où tout bruit vient mourir. C’est un sou lagement d’émerger enfin à l’air libre. Comme au sortir de ces taupinières on comprend le nomade. Aux portes de la ville un vaste campement s’étend dans la plaine : tribu de la confédération des Ouled-Naïl qui a adopté cet hivernage. Ici la vie arabe s’extériorise. Feux allumés entre les tentes, bourricots mangeant


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