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CHAPITRE IX L’OUED RIR’n « Sept océans d’encre ne parviendraient pas à décrire toutes les merveilles de la nature ». (Coran). Que prétendre faire avec une pauvre petite bouteille? Tellement merveilleuse, la nature, que même dans son apparente monotonie, indéfiniment elle se renouvelle. Entre Biskra et Touggourt, -c’est toujours le Sahara; mais c’est un Sahara particulier. Parmi d’autres caractéristiques il présente celle d’être bleu au lieu de jaune. Pour moins mal dire — cette couleur africaine esLinsaisissable — le jaune ambiant s’enveloppe de bleu. Un bleu chimérique, de subtile pilleur, un bleu irisé, vapeur plutôt que lumière. C’est que cette plaine torride est humide aussi. Très basse, par endroits notablement inférieure au niveau de la mer, ici vient mourir la longue chaîne de chotts qui depuis le golfe de Gabès écorne le désert. Un Mississipi préhistorique y a certainement coulé, car le terrain est rompu par des aifouillements, des érosions, des lits desséchés entre des berges brûlées. Sans être grand clerc d’ailleurs, ce semble que par tout le désert ces énormes dépôts encore mal amalgamés de marnes, sables, galets, argile, soient des alluvions qu’a salpêtrés la mer. Les géographes ont reconnu sur un millier de kilomètres le cours de l’oued Igharghar, tellement oblitéré qu’il est devenu piste de caravanes, cependant attesté par la tradition comme déterminé par la science. Son nom est un mot temachek, harmonie imitative du ruissellement de l’eau tombant, disent les Touareg, du haut plateau où prennent leur source les eaux du Sahara. L’imagination se plaît à l’hypothèse, dans le mystère de ces profondeurs ardentes, de quelque gigantesque cascade analogue aux Victoria Falls. Celles-ci toutefois se résolvent en un Zambèze, tandis que les fleuves sahariens ne feraient guère honneur à leur mère. Quoi qu’il en soit, non seulement celui-là, mais ses affluents


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