traces. Visions saisissantes, ces débris millénaires qui, calcinés par tant de soleils dévorants, attestent encore la majesté du nom romain. Le fort Saint-Germain occupe certainement le site du castrum nommé AdPiscinam. Ces thermes: étaient-ils l’actuel Hammam-Salàhinè, où l’eau jaillit à 76°, médiocre établissement fréquenté par les indigènes, isolé au milieu de mornes pierrailles que les dépôts de marnes gypseùsès et les efflbrescènces sulfureuses colorent étrangement en blanc verdâtre, jaunâtre, violâtre? Les positions stratégiques sont invariables. Ici c’est au confluent des deux oueds, dont il suffirait de rompre le barrage pour faire périr de soif palmiers et gens. Procédé d’intimidation le plus efficace, à moins de recourir à celui inspiré par l’axiome : morte la bête, mort le venin. A quelques lieues d’ici, proche la grande zaouïa dés Rhamanyâ dans l’enceinte ruinée d’une, forteresse byzantine, se trouve un « lieu dit » rappelant un des plus meurtriers épisodes de nos campagnes algériennes. L’insurrection locale fomentée par le cheikh Bou-Ziane, ancien porteur d’eau qui s’était proclamé chérif, ne fut maîtrisée que par la prise de Zaatcha, après cinqüanle-deux jours de siège noiis coûtant soixante officiers et neuf cents hommes. L’oasis fut rasée. Mode de répression rigoureuse entre tous. Au désert la vie d’un homme ne pèse pas une once auprès de celle d’un palmier. Le colonel Séroka, qui a commandé ici, était un de ces.officiers de l’armée d’Afrique —les Pein, les Desvaux, les Daumas, lès du Barail — possédant à la pointe de leur sabre un joli brin de plume. Malheureusement demeuré inédit, son précis historique de la région des Zibans nous apprend que le labarum y flotta.sons le patricé Salomon. Les conquérants arabes l avaient reliée au Tell par une ligne de bordjs ainsi qu’un service de pigeons voyageurs. Ils s’entendaient fort bien à maintenir les communications entre les parties de leur immense empire, témoin ce système de signaux de feu au long du/littoral, par lequel l’Espagne causait avec l’Egypte. Un pèlerin marocain, qui a .laissé une relation des son voyage en 1558, parle dé la splendeur de Biskra, « grande et belle, cité; population considérable, commerce actif, agriculture florissante. On y voit de vastes édifices. Les savants y sont nombreux ». Lorsque le duc cî’Aumale l’occupa, y laissant une garnison peu après massacrée, il ne. subsistait de ces temps prospères qu’un minaret, écroulé depuis, auquel on montait par cent vingt marches. La peste, le pillage, l’anarchie, le régime de sang et de rapine avaient fait leur oeuvre. Dans ce chaos surnage une figure intéressante : Ferhat-ben-Saïd, héros du Sahara, chevaleresque autant que brave, une façon de Saladin, assassiné en 1848..Le meurtre ici n’est pas tenu en défaveur comme par nos esprits naïfs, susceptible d’ailleurs de s’allier à de la:géhérosité. G’est ainsi que certain bèy de Constan- tine ayant attiré un chef qui le gênait, pour l’empoisonner avec un tuyau de pipé, comme celui-ci se montrait récalcitrant à mourir, il le fit achever, sous prétexte de le soigner, par son chirurgien barbier — après quoi il en adopta les enfants, qui le chérirent. La paix française n’a pas encore mis fin aux querelles séculaires des deux grands çofs du
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