mes, témoin certain Khaled-ben-Iczid, un des compagnons de l’émir Hassan, tombé entre ses mains, et qu’elle aurait élevé au rang de favori. Un autre poète-historien des Berbères, Moham- med-Ibn-Sassi, dont le manuscrit est de découverte assez récente, assure qu’elle ^mourut vierge à trente ans. Il y a lieu de pencher plutôt pour la version en faisant une Catherine II qu’une Elisabeth — de qui d’ailleurs on serre de plus près la vérité en disant qu’elle fut 'célibataire. Et vraiment la Kahina semble avoir eu des fils, lesquels embrassèrent l'islamisme et dont l’aîné fut placé par les Arabes victorieux à la tête des tribus Djeraouah. Quant à elle, à tort on Ta qualifiée juive. Elle professait le niosarsme, ce qui est tout autre chose : la différence,entre une religion et une race. Tel était le prestige de la reine de l’Aurès que, quand certain pacha d’Egypte, ayant conquis la Tunisie, demanda quels chefs fameux lui restaient à vaincre, oh lui répondit: «La Kahina ». Avec 45.000 hommes il lui livra bataille entre Cirta et Thevesle,,fut mis en déroute et poursuivi jusqu’à Gabès. Après quelques années de paix, le khalife Abd-el-Malck marcha contre elle à la tête de 60.000 combattants. Mais les temps étaient changés. Par suite de divisions intestines, des défections se produisirent. A ceux qui lui restèrent fidèles, la Kahina adressa des exhortations enflammées. « Ces richesses que Dieu vous .a données, l’heure est venue de les sacrifier pour le salut de la patrie. Il faut que ces superbes forêts, ces villages, ces champs, ces jardins qui font de notre contrée un paradis terrestre soient réduits en cendres le jour où l’envahisseur franchira nos limites. Il faut que les forteresses soient rasées, les barrages des rivières coupés, afin que l’ennemi harassé, sans abri, mourant de soif, ne trouve sur la terre conquise que débris fumants et sources taries ». Lorsque l'armée arabe déboucha du col du Dje- bel-Tesouf, le spectacle terrifiant s’offrit à sa vue d’un pays en flammes sur une étendue de deux cents milles carrés. Tels des démons, les Berbères en surgirent pour vaincre ou mourir. Ayant combattu avec l'énergie du désespoir, ils furent écrasés par des forces dix fois supérieures. Couverte de blessures, leur reine tomba aux mains de l’ennemi, eut la tête tranchée, et fut jetée dans le puits qui porte encore son nom : Bir-ës-Kahina. C’en était fait du pays aurasien, dévasté, ruiné à jamais. A-t-il vraiment été aussi riche que le prétend l’emphase arabe? Les chroniques l’affirment boisé au point que « les routes étaient bordés d’arbres assez touffus pour permettre de voyager tout le jour sans être incommodé par le soleil ». Il est positif qu’en creusant leurs silos dans ce sol aride, les indigènes souvent mettent au jour d’énorme& souches calcinées d’oliviers et de chênès-liège. Si, après tout, ces terres n’en avaient valu la peine, les Arabes, pour les conquérir, eussent-ils fait d’aussi sanglants efforts? Et ce n’était point chose si ancienne, la prospérité romaine dont demeurent de considérables témoignages h L’action des modifications climatiques est radicale. Sous des cieux assez sembla- 1. Je regrette de ne pouvoir que mentionner les ruines de Madaure, patrie d'Apuléé, lesquelles, à mesure qu’avancent les fouilles, s’avèrent rivales de celles de Timgad. Une porte à Sidi-Okba La brèche d’El-Kantara
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