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par inlérêt, tout Arabe aspire à être détenteur de la moindre parcelle d’autorité, dont il use et abuse copieusement. Le dernier chaouch a conscience de participer à la puissance suprême. Et s’il la tenait à lui seul, le poids en pèserait lourdement sur la plèbe des burnous. Zérouk est loquace, sinon toujours lucide. A propos de certaine poule au riz, que j’estime avoir été un chef-d’oeuvre, dont Iiadour et lui se sont partagé les reliefs, il émet un jugement trop flatteur pour être passé sous silence. _/ î— Les femmes françaises, ils savenly faire. Les femmes arabes, y a pas bon... ils fouti rien. Je lui représente que la femme du forestier indigène tout à l’heure passait avec une charge de bois sous laquelle aurait succombé une mule. — Ça, c’est rien. Quel manger c’est-y qu’elle fait? Le couscouss. Et les habits, elle y connaît pas. Moi j’en avais une bonne. Elle avait appris avec la madame d’un capitaine. Elle raccommodait ma gandoura, mes chaussettes, même chose comme femme française. Et elle cuisait des gâteaux plus meilleurs qu’à Paris. Cet homme rempli de sens n’est point partisan de la polygamie. Un Arabe, il marie une femme. Elle est mauvaise. Besseffe femmes arabes mauvaises. Alors il en marie une autre. Elle est mauvaise kif-kif. Une pour un homme, barca. — Mais quand elle est devenue vieille? Il rit du rire en dedans de sa race. — Y en a assez des moukères. Lui a bonne femme à la maison et dehors il fait même chose comme Français. Tout attachant que soit son entretien, il ne suffirait point à remplir les heures lentes. Mais il y a la forêt. Dans le ciel pur et pâle, un ciel de saphir, le soleil épanche une lumière froide et limpide comme eau de roche. Le givre scintille à toutes les aiguilles des rameaux, dentelle qu envierait Arachnée. Un décor de feerie. Des sbats chaussés par-dessus mes bottes de filali, je sors. Il convient de marcher bien droit sur la route. Dans cette ouate perfide, si on déviait, ce serait tôt fait de rouler au fond d un ravin. Un grand gypaële décrit au-dessus des dômes glacés ses cercles concentriques : quelque bête par là s’est tuée en glissant sur une roche. Non sans fatigue à piétiner dans celte épaisseur, j’atteins une manière de balcon en surplomb du cirque profond où se tapit le douar des Beni-Meddad. Les « Fils des Cèdres » cultivent quelque peu d’orge et pâturent des troupeaux. Ici s’ouvre une large échappée sur les Zaccars ensoleillés. On distingue Miliana, blanche dans son nid de verdure. Dieu soit loué! il existe un monde extérieur. Vision fugitive, abolie par une tombée de gros flocons, comme un rideau brusquement abaissé. Tout juste le temps de rentrer avant que la nuit se fasse. Et ce sera quinze heures de ténèbres. La maison forestière occupe le centre d’une clairière assez vaste. Tout auprès, celle du garde indigène, sans ouvertures extérieures, bien qu’ici ne soient pas à redouter les indiscrétions. Plus bas, un enclos fait de branchages inclinés du dedans au dehors, isolant le gourbi en bourrées mal jointoyées par des mottes d’argile. J’y vais remercier la femme de Vassès qui m’a envoyé des sortes de crêpes en feuilleté très léger, luisantes de beurre lequel, par heureuse fortune, se trouve être frais. Le sol battu, que pénètre l’humidité envahissante de la neige. Dans un coin, deux vaches grosses comme des terre-neuve. Dans l’autre, des tas de chiffons — ce sont les lits ^ une vieille natte, quelques ustensiles. Le chien couché auprès du feu. De je ne sais où, car on n’y voit goutte, la maîtresse du logis tire un lambeau de tapis qu’elle replie en coussin, et, d’un geste vraiment plein de noblesse, m’invite à-prendre place. Une très absurde crainte des parasites me retient debout. J’ai tort. Car la fumée qui monte et tant bien que mal — plutôt mal que bien — s’échappe par un trou ménagé dans la toiture en herbe sèche, me pique cruellement les yeux. Assise à (erre, je la sentirais moins. De cette tanière, qui abrite toute une famille, la femme sort peu. Dans ses loques rouges et vertes, que rehaussent les bracelets et les agrafes d’argent, elle possède une réelle dignité. Au surplus, son mari n’est-il pas fonctionnaire? Ce qu’il peut émarger n’obère évidemment que peu le budget de l’Algérie. Mais quoi?... De la semoule pour le couscouss, un peu d’huile et de sel, voilà tout ce qu’ils ont à acheter. Le lait de leurs vaches réduction Collas, les oeufs de leurs poules étiques, les gros fruits fades des figuiers de Barbarie que les indigènes plantent en ligne, tels des ceps 4^ réglé le chapitre de la table. Le reste est trop insignifiant pour valoir d’être mentionné. Sensible au modeste chiffon de papier que je lui glisse dans la main, Aïscha, à moins que ce soit Baïa ou Zorah, l’accepte sans servilité. Un adoucissement a amolli la neige. Des oiseaux reparaissent, des hérissons sortent de leurs trous. Je lève des perdrix rouges, j’aperçois une gerboise. Sous les parasols demeuré blancs, des mousses apparaissent. Solides pourtant, des branches qui plient sous le poids me saupoudrent au passage d’une poussière glacée. Certains arbres sont énormes. Des chênes verts trapus, tordus, tassés sur leur souche déchaussée, semblent s’effacer pour faire place au cèdre roi. 11 l’est vraiment par son port altier, par sa majesté, sa magnificence. De croissance très lente, de longévité extraordinaire, on a établi qu’un fût mesurant 1 m. 80 de diamètre compte trois cent dix ans d’âge. Sachez qu’il en est atteignant neuf mètres de circonférence et calculez. Très volontaire, il pousse où cela lui chante, semblant doué d’esprit de contradiction. Scientifiquement semé, il ne veut rien savoir, mais germe dans la crevasse d’une roche qui plus tard éclate sous la poussée de ses puissantes racines. Bois léger et tendre, d’un beau ton ocré, le grain lisse et fin, facile à travailler, il est précieux pour l’ébénisterie. Délicieusement odoriférant, enfermez votre linge dans une armoire en cèdre, vous le parfumez quasi au santal. Plus vulgaire, son utilisation principale en traverses de chemin de fer, à cause qu’il est imputresci


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