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Noms retombons dans 1« sépulcre. Parvenu au terme de sa course, le soleil un instant le drape, de pourpre flamboyante. Une splendeur illumine le ciel. Brusquement s’éteint l’incendie, noyé dans des ondes livides. Bienvenue la nuit, très obscure et très chaude, effaçant ces visions horrifiques. « Le Colimaçon », m’annonce Wagner. On ¡se]sent [couler au long d’une spirale vertigineuse dans un abîme de ténèbres où scintillent de faibles éclairages. Nous voici rendus. Des militaires m’accueillent. Par une grimpette très raide je me hisse au bordj dont la masse imposante projette une lourde tache sur le velours sombre criblé d’étoiles. Une massive porte de fer se referme derrière moi. Ce n’est pas très gai. <? e e Au réveil — par la diane, car je suis dans une caserne — je n’ai pas cette joie de l’aspect imprévu dont vous a privé une arrivée nocturne, irritant la curiosité. Ma chambre ouvre sous les arcades de la cour où se trouvent les bureaux du commandement. Disposition commune aux constructions françaises et indigènes, motivée par la nécessité vitale de se défendre contre le soleil. Mais sortie sur la courtine, dans la lumière ardente et limpide du matin, c’est un ébouis- sement. Ce cirque elliptique est le centre de la vallée de l’oued-Mzab, élargi d’environ une demi- lieue sur une longueur de quatre à cinq. Plus qu’aucune autre rivière désertique celle-ci est un lit parfaitement sec, peu sensible en profondeur, aux bords à peine relevés — rien qui ressemble à une berge S à fond de sable rouge tellement pulvérulent que, s’il vente, on dirait de l’eau sanglante qui coule. Elle pénètre dans ce bassin et s’en échappe par deux cols étroits sabrant une muraille très abrupte de roc brûlé, absolument nu, aux crêtes couronnées de bridjas en ruines ¡¡g des fortins, anciennes vedettes d’où on signalait... devinez quoi? L’approche des djich de Châamba pillards?... Oui. Mais aussi les « crues » de l’oued. C’est comme je vous le dis. Aujourd’hui on a le télégraphe. De ses rives surgissent, à faibles distances, des pitons escarpés — les goûr portant les pyramides blanches et rousses des villes mozabites, chacune coiffée de son minaret bizarre et entourée de ses palmiers. Ceux-ci se comptent, étant contribuables. Le total de la région est, en chiffre rond, 170.000, dont plus du tiers pour l’oasis de Ghardaïa, laquelle s’en va fuyant vers la queue de la vallée, sa masse verte dorée par le soleil qui flambe en un ciel de lapis. De l’ocre jaune et rouge, du blanc, du bleu profond, du vert sourd — polyphonie à la fois éclatante et fine de toutes agglomérations sahariennes, mais ici de particulière intensité. Le fort étant assis sur un mamelon isolé, le ksar s’offre à la vue dans son ensemble. Le plus important du Sud-algérien : trois mille feux faisant une dizaine de mille âmes, chef-lieu d’un territoire de quelque


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