cependant nous dit que ces affouillements sont l’oeuvre de l’eau. Seule aussi son action a poli ce roc, au point que ne saurait s’y accrocher le moindre lichen. C’est elle encore qui a produit ces érosions le trouant en ruche, en colombier. Quelle formidable masse il en a fallu pour désagréger ainsi un morceau de pierre mesurant en superficie 200.000 kilomètres carrés! Et, cela est étrange, ici comme dans les parties basses du désert, la poussière laisse aux lèvres une saveur salée. A pareille altitude avoir la sensation de respirer des embruns... En ces pays déréglés on doit s’attendre à tout. La lugubre désolation de la Chebka ne se rachète point par l’ampleur de l’horizon. On passe d’un ravin dans un autre, la vue toujours bornée. Ou si quelque échappée s’entrouvre, ce n’est que pour voir davantage de pierre, de la pierre jaune brûlé qui se violacé dans les ombres; Couleurs riches et dures, lignes heurtées, incohérentes, atmosphère de mort. Des heures durant nous roulons dans ce huitième cercle de l’enfer, non sans angoisse au regard des pneus. Quant à une panne; veuille nous l’épargner Allah le Miséricordieux, Maître de l’Univers. Mais imaginez ici la marche d’une colonne : celle qui d’abord y pénétra du commandant Du Barail, placé, après la prise de Laghouat, avec huit cents- fantassins, cent vingt-cinq chevaux et une section de montagne, à la tête d’un cercle englobant l’aghalik des Larbâa, le bachaghalik des Ouled-Naïl et la surveillance du Mzab. C’est au cours d’un raid de police qu’entraîné par son ardeur, le premier il fit, pacifiquement, luire à Ghardaïa nos baïonnettes. Que les campagnes d’Afrique n’aient pas été l’école de la grande guerre, soit. Mais elles forgeaient des soldats d’airain. Et dans ces expéditions au demeurant, le plus difficile n’était pas tant de mourir que de vivre. Celui qui l’a dit en savait quelque chose : c’était Bugeaud. Voilà que des panaches verts ont surgi, évanouis aussitôt. Mirage?... Non : les lignes étaient immédiates et précises, non point estompées, vacillantes dans la vapeur du recul. Ils reparaissent, et d’autres, d’autres encore, dont les troncs s’enfoncent dans les gorges. Puis tout a disparu derechef derrière un grand éperon barrant la route. Nous le contournons. Le couloir s’évase en cuvette et l’oasis se déplace. Changement à vue de féerie. Une butte élevée domine la houle des palmiers, surmontée de cet obélisque tronqué pareil à une cheminée d’aération de mine, qui est le minaret mozabite. Sur ses flancs; dégringolade de maçonneries blanches, en terrasses superposées, jusqu’au mur d’enceinte au pied duquel une nezla de nomades éparpille ses tentes en feloudj noir, jaune et brun, dans un lit de sable épais. Une longue file de chameaux pénètre dans le- ksar par une porte dont le cintre frôle leur bosse. L’automobilè stoppe en dehors, devant le bureau du P. T. T^j-i allo ! allo! Le caïd à barbe grise; que Sa forte corpulence dénote commerçant prospère, m’y attend, en compagnie des notables. En bon français il me prie à m’arrêter chez lui. Impossible : je suis signalée à Ghardaïa pour ce soir. Berriane sera une étape du retour. Berriane, v u e à vol d'avion G h a r d a ï a
27f 123
To see the actual publication please follow the link above