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i l itll lui misme. On connaît songez-y, sept méthodes pour lire le Coran. Est-ce celte langue flexible, nuancée à l’extrême, riche en métaphores, éminemment propre à conter qui a engendré ce génie brouillé, amorphe, dépourvu d’invention, de coordination, invertébré pour ainsi dire?... Est-ce au contraire le génie qui a réagi sur la langue? Pourtant il y a eu une culture arabe. Un ouvrage ancien du cheikh Mouh-Eddine expose les éléments de cent vingt cinqsciences. Du moins me l’a-t-on dit: je n’ai eu garde de vérifier, et pour cause. Mais enfin de cette culture, celle des « Endalous », nous possédons des témoignages. Aujourd’hui ce n’est plus que de la scolas- tique. Dégénérescence qui est allée de pair avec celle de l’énergie. Chez les races dont décroît la vigueur, la pensée s’étiole. Voyez les Hindous. C’est l’épée et la charrue qui font le sang et les muscles de l’esprit. Dans le secret des zaouïas entretient-on autant que d’aucuns le croient le germe de la djehad, cette guerre sainte déterminante de tous mouvements insurrectionnels? La meilleure sauvegarde contre ces ferments, c’est la poudre sèche. Car le soufisme détourne « de s’exposer à la mort dans des entreprises supérieures à ses forces ». Amen. La mosquée d’Aïn-Madhi n’a de remarquable que le tombeau du premier Tedjanîy, en cèdre sculpté, doré et peint, d’un beau travail, que recouvre un riche brocart de Brousse rose éteint et vert pâle, lamé et broché d’or. La décoration est celle de toutes ces chambres funéraires : panneaux où sont écrits au pinceau en rouge, bleu et vert des versets coraniques, oeufs d’autruche à glands de soie, étendards de velours brodé offerts par des zélateurs, notamment le bey de Tunis et le pacha de Marrakech, cetEl-Glaoui qui, après avoir été notre ennemi, nous a rendu de grands services aux heures sombres des massacres de Fez. Enfin de ces horloges de nos campagnes, à gaine et à poids, dont on se demande pourquoi les Arabes ornent invariablement leurs sanctuaires. Au vrai l’Oriental est épris d’horlogerie. Quelle est dont la Majesté chérifienne qui collectionnait les pendules et dont le rêve obstiné, jamais assouvi, était que marchassent d’accord les deux à trois cents rassemblées? Mais dans les mosquées, qu’ont-ils besoin de savoir l’heure, ces flâneurs éternels, moins soucieux d’y faire leurs dévotions que de tuer les journées lentes? Et pourquoi, oh! pourquoi, jusqu’au Sahara, ce rappel des fermes berrichones ou normandes? Nul jamais ne le saura. Il y en a ici deux ou trois anciennes, assez belles en leur genre, lequel jure singulièrement avec les somptueux tapis de Perse et de Turquie où je traîne les babouches en bateau passées par-dessus mes chaussures. Je finis par en perdre une et, afin de marquer mon respect pour le saint lieu, demeure un pied en l’air jusqu’à ce qu’on l’ait retrouvée. Procédé auquel on paraît sensible. Dans la cour précédant la salle de prières, où se font les ablutions, on me montre une jolie couleuvrine de bronze vert ciselé qui constituait toute l’artillerie de siège du bey d'Oran. Elle est jetée dans un coin, n’importe comment. Ce semble qu’elle aurait droit à figurer dans les


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