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deurs fauves qui semblent vides et pourtant palpitent d’une vie retirée, mystérieuse. Sur la ligne basse de l’horizon un point apparaît, grain de sable roulé par le vent. Il grossit, se précise; un spahi. Le cheval gris lancé à fond de train, queue et crinière échevelées, la culotte bleue, les burnous blanc et rouge, le fusil en travers des arçons : un Fromentin. 11 n’y manque que la gazelle poursuivie et le sloughi à ses trousses. Exactement au bord de l’eau, avec cette brusquerie du cavalier arabe, cruelle à déchirer les barres, il arrête sa monture, qui plie les jarrets. Le cou soyeux, tout brillant de sueur, s’allonge dans ce mouvement de souple élégance que Delacroix comprenait si bien. Et, tout frémissant encore, remerciant d’un léger hennissement doux, le « buveur d’air » s’abreuve à la rivière. Des rien, tout cela, ne valent pas d’être notés. Et pourtant, sous l’absolue pureté du ciel, le soleil de feu, dans l’atmosphère sèche, limpide, sonore, avec, devant soi, l’espace infini qui flambe, l’harmome enfin que donnent les justes accords de la lumière du sable et de l’eau, ils prennent une indicible grandeur. ç • 9 ? . Dès qu’on s’écarte de la grande roule — c’est façon de dire — les pistes deviennent précaires. Ici, plus de pierres, heureusement, pourtant funestes aux pneus, que de sables qui vous immobilisent, et abondance de trous provoquant des sursauts dont vos os s’entrechoquent comme dans une danse macabre. On va cahin-caha, sans excès de vitesse, ce qui au demeurant ne nous vaudrait aucun procès-verbal. Si se présentent des coulées sablonneuses, difficiles à franchir, on coupe de l’alfa pour en faire un lit sous les roues. Si on n’en trouve pas, on fait comme on peut. Triomphe du système D. Le plus laborieux, c’est les passages de ce qui a nom rivières: 1 oued-Mzi notamment, deux fois franchi et qui, comme nous le remontons vers la montagne, s’encaisse en des coupures assez notables. Il faut découvrir les gués. Ce n’est pas sans peine. Le chauffeur s’en va en reconnaissance. Le khodja qui m’accompagne pour me servir d interprète en profite pour faire sa. prière méridienne. Un khodja, c’est quelqu’un qui écrit. Secrétaire du bureau arabe, Mohammed-ben-Taleb est khodja. Dans un genre différent, je suis khodja. Etat pour lequel l’Arabe nourrit une considération fort mince. Un homme qui travaille — quoique modérément et .assis sur une chaise,non sur une selle... Mais si celui qui écrit est peu de chose, considérable est la chose écrite. La carta — une des infiltrations italiennes de ce sabir fait pour moitié de mot arabes et le reste emprunté aux langues latines — en impose à ces illettrés. Ils professent un respect-superstitieux pour « les écritures », c'est à dire l’appareil des lois, décrets, arrêtés, circulaires, organe complexe, mystérieux, tout-puissant de notre autorité. Le khodja, comme le taîeb — le « savant » au sens de celui qui sait quelque chose — est La partie de Dominos La P riè re


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