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jour, un officier de mes amis dont, ayant vu tomber tant de ses hommes, la voix tremblait en parlant de l’agonie de ses chevaux. L’oued-Mzi est redoutable. Qui s’en douterait à vpir ce ruisseau coulant à fleur de terre, tellement peu sensible est le thalweg? Plus attentif, vous distinguez une très large bande alluviale, dont les apports de sables et de galets sont parfaitement secs. Qu’un orage éclate dans le Djebel-Amour et, sans qu’ici tombe une goutte de pluie, avec une rapidité incroyable un torrent furieux se déchaîne, balayant tout sur son passage, charriant pierres, arbres, cadavres d’animaux, voire d’humains. Encore une notion à bannir de notre esprit. Chez nous torrent implique encaissement : au désert, il a pour lit la plaine. En aval, à son confluent avec l’oued-Biskra, celui-ci, qui a pris le nom Djedli, s’en offre, aux grands jours, un de trois lieues. S’il en faut croire les géographes, les eaux sahariennes s’épanchent ainsi à cause de l’imperméabilité du sol. Fort bien. Mais puisqu’il ne les boit pas, que deviennent-elles? Car à peine apparues, elles disparaissent. Sources imprécises, cours mal reconnaissable, et, pour finir, les. rives1 effacées, perte dans les fonds salins des chotts, l’été à sec, l’hiver tout juste marécageux, voilà les; rivières désertiques. L’évaporation?... Les météorologistes en effet ont calculé que l’Algérie reçoit annuellement des nuages un volume d’eau équivalent à celui débité par le Nil. Et elle ne;,Cesse de tirer la langue. Combien de choses sont mal arrangées. Tant il y a que, dans cette boucle que nous coupons-— ayant passé à gué, non sans peine, pas à cause de l’eau, mais dusable,.— l’an passé la diligence fut emportée par la crue et plusieurs personnes périrent. L’autre jour une automobile demeura immobilisée pendant deux heures sur ce tronçon dé chaussée empierrée et surélevée en remblai, la pis le étant rompue devant et derrière. Et l’on ne savait si le flot se retirerait ou continuerait de monter. Voici une stèle érigée à la mémoire d’un maréçhal/des logis noyé en tentant de sauver un de ses hommes. Peut-être-plus avant verrons-nous un mzara, cairn rappelant qu’une caravane est morte de soif. Telle est la logique de ces régions dépourvues de mesure. Aujourd’hui l’oued est dans ses bonnes. Et il met un sourire au seuil de i’oasis dont devant nous se dresse là masse d’un vert sourd. Un petit bois de frêles tamaris jetant sur la route leur ombre légère, des animaux qui s’abreuvent,-des négresses habillées de rouge portant sur la tête des cruches de cuivre étincelant dans la magnificence du soleil au zénith et . voilà le grand barrage qui capte les eaux. Car il y en a ici, positivement il y en a. Puis une large avenue de superbes platanes, très animée, au long de laquelle Ali corne triomphalement et roule en excès de vitesse dans un flot de poussière dorée. Une porte franchie et avant que j’aie eu le temps de me reconnaître, voici pour m’accueillir des. officiers en dolman écarlate des spahis, en vareuse azur des tirailleurs, un agha dans la blancheur immaculée de son haïk de soie, de ses burnous de laine fine, la cravate de commandeur éclatant sous la barbe grisonnante... Belle entrée de ville saharienne. Dans le Chtett de L aghouat


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