38 ALGÉRIE arrière des lignes ennemies, les traverse au galop de charge pour combattre auprès de ses camarades. A l’arrivée d’un bataillon, sur sept officiers il en restait un. Dans la région de Mosta- ganem, c’est Mazagran, où les 3C0 joyeux du capitaine Lelièvre — désormais qualifié par les troupiers « rude lapin » — pendant trois jours, sans eau, sans vivres, se défendent en un réduit de pierres sèches contre 1.200 assiégeants. Ces actions et tant d’autres ne valent pas uniquement par leur beauté propre. Menues sinon nulles au point de vue stratégique, elles n’en ont pas moins été un facteur considérable du succès dè nos entreprises africaines par l’admiration et la crainte qu’inspirait aux indigènes ce genre de courage, qui n’est pas le leur : savoir froidement mourir. Au temps des Turcs Blida portait un nom que je ne saurais dire. L’arabe dans ses mots brave l’honnêteté: témoin les Mille et Une Nuits, éditions qui ne sont point adusum Delphini. Celte ville de joie fut cependant plus difficile à réduire qu’Alger. Bourmonts’y étant aventuré, son aide-de-camp est tué d’un coup de feu sur le seuil du quartier général. Le colonel de Fresche- ville et son officier payeur, surpris hors des portes, sont décapités. Occupée, puis évacuée successivement par le duc de Rqvigo, les maréchaux Clauzel et Valée, pour la soumettre il fallut dix ans. Aujourd’hui, entre ses vergers de mandariniers, ses' pépinières, ses eaux vives, dans la molle tiédeur d’un climat que, l’élé, rafraîchit la brise descendant du massif en un brusque sursaut dressé au-dessus d’elle — et où, l’hiver, on peut patiner aux glacières du col de Chréa — Blida aujourd’hui est une de ces somnolentes sous-préfectures algériennes qui vivent de leur seule garnison. A plusieurs reprises ravagée par des tremblements de terre, bien que la moitié de sa population soit indigène, elle a perdu toule couleur locale. Son Bois Sacré lui reste, dont les oliviers, tellement vieux qu’ils chancellent sur leurs énormes souches tortues, doivent être contemporains du vénéré Sidi-Yacoub-ech-Chérif enseveli sous leur ombre lumineuse. Je supplie le lecteur de pas croire ces deux mots accolés par inadvertance. Ici, dans tout il y a de la lumière. Et au demeurant, qu’est-ce donc, le clair-obscur ? On sait que Pédicule dit par ellipse marabout — qu’on devrait nommer kouba -4- cube de plâtre coiffé d’une coupole et de modèle uniforme dans la nudité de son austère blancheur, est une chapelle fort exiguë abritant les restes d’un saint musulman. Ici nous en voyons deux pour un seul vrirabel. Voici pourquoi. Lors de son voyage en Algérie, l’impératrice Eugénie avait voulu visiter ce tombeau. Afin de la satisfaire tout en évitant ce qui, à l’époque, était tenu pour sacrilège, on en édifia rapidement un autre, postiche. Et présentement on ne sait plus lequel est le véritable. Ne discutons point. Et souvenons-nous que les colons sont, pour une bonne part, originaires des parages de la Cannebière.
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