la locomotion en bassour, quand elle va passer la canicule dans le Tell, sans souci du qu’en dira-t-on elle enfourche une selle. Mais au demeurant ne lui déplaisent point cette chaleur et cette sécheresse. Sa mahon est vaste. Faute d’enfants pour la remplir, elle y élève de jeunes parentes orphelines. J’ai eu le plaisir de dîner plusieurs fois avec elle, à la française, tête-à-tête, l’agha étant en tournée et l’étiquette arabe ne permettant point de prendre place auprès de nous à la nièce qu’elle m’a présentée, charmante fillette gracieuse, fine, un peu farouche, telle une gazelle apprivoisée dont elle a les beaux yeux noirs chauds et doux comme une caresse. Non moins que les obligeances du capitaine Perdriaux et de l’officier-interprète Temime, cette hospitalité indigène, de nature inaccoutumée, à contribué à me laisser d’El-Oued le meilleur souvenir ‘. f? 1 . . . . . . . . ■ • J’ai dans le pays de mes amis Tedjanÿià. Pas à El-Oued, où c’est la concurrence. Volens volens je visite cette zaouïa de je ne sais plus quel ordre, le marabout ayant fait courir après moi. Vieil homme édenté et plutôt gâteux, il me promène avec fièrté dans son établissement. Agglomération incohérente de cours nues, de chambres basses et sombres, lé tout sordide. Accroupis dans tous les coins, de jeunes loqueteux blêmes, physionomies vicieuses, sournoises et hypocrites, ânonnent les sourates du Coran. Dès qu’ils nous aperçoivent, en témoignage de zèle leur diapason s’élève d’une octave et ce fausset suraigu émet des clameurs comme si on les écorchait vifs. Paternel au milieu de ce troupeau de volailles affolées, le saint homme leur abandonne à baiser le bord de son burnous vért et ses mains sales égrenant l’éternel chapelet. Il m’introduit dans la kouba où repose son vénérable père. Je crois devoir prendre une mine de circonstance. Mais un apprenti taleb me présente une chaise, un autre apporte le café. Petit five o’clock funéraire tout à fait réjouissant. Plus opulente et moins mal tenue, la maison tedjanÿia à Guémar se pique de quelque architecture. La coupole est décorée intérieurement d’un lacis d’arabesques taillées au couteau en plein stuc et peintes de rose, de bleu, de vert. Ouvrage d’un maçon du cru à qui' sont dûs les édifices modernes publics et privés. Frappé de ses talents naturels — car il est dénué de toute instruction le gouverneur, lors de sa récente visite, l’a enlevé, au grand dam des riches Souâfa. Certain génie traîne dans le sang dégénéré des Berbères. J’ai vu, àDjemila, un Kabyle, simple terrassier employé aux fouilles, à qui le conservateur, M. de Crésoïles, a pu confier la restauration des mosaïques. Sans aucune notion de dessin, il reconstitue fort exactement et 1. Le chagrin causé au vieux chef par les troubles qui, pendant son pèlerinage à la Mecque, éclatèrent parmi ses tribus, la disgrâce qui s’en suivit pour lui, hâtèrent sa fin. Et quelques mois plus tard sa femme le suivait dans la tombe. Le Bordj de Ferdjane (Souf) — Vu à vol d’avion
27f 123
To see the actual publication please follow the link above