faut-il pas des quantités à raison d’un habitant par deux cents hectares, et à qui le feu ne sert qu’aux besoins d’une cuisine rudimentaire. Quoi, ce pays est peuplé?... Vous le voyez bien, puisque nous y voici déjà trois. Peu à peu les dunes se forment, moutonnent, montent en houle pétrifiée et pourtant fluide. Leur formation donne exactement des aspects de vagues : tantôt en croupe arrondie, tantôt, prêtes à déferler, s’effilant à arêtes vives. On s’efforce de les contourner par la base en louvoyant dans les sillons qui se creusent entre elles, telle une embarcation par grosse mer. Si c’est impossible, le cheval les attaque au trot, finissant, quand elles sont plus hautes et plus rapides, par deux ou trois foulées de galop. Parvenue au sommet il s’arrête sur la crête, qui coule, sous ses pieds comme de l’eau, puis descend avec beaucoup de prudence, en zigzag s’il juge la pente trop forte. A peine est-ce nécessaire de le soutenir non plus que de le diriger. Cela suffit de se prêter à ses réactions lesquelles ne laissent pas d’être dures à ce jeu indéfini de montagnes russes.« Lorsque la tête de votre monture disparaît entre ses genoux, la sensation n’est rien moins qu’agréable. On s’y fait. D’ailleurs mieux que par les rênes il est retenu par le sable où il enfonce jusqu’au boulet. A chaque dune gravie on espère découvrir quelque chose. Et.c’est, dans l’espace infini, la mer : une mer de soufre qui se serait solidifiée un jour de tempête. Solidifiée... pas tant que cela. Ce sable siliceux, d’extrême finesse, étant mis en mouvement par le moindre souffle, les dunes se déforment. Du moins les indigènes en voient-ils la différence, car aux profanes ce.semble .miraculeux qu’on se puisse repérer sur des profils aussi sensiblement pareils, il serait, pense-t-on, tellement plus simple, pour le trajet direct, de suivre la route.idéale tracée.par les poteaux télégraphiques, qui de cent en cent mètres marquent la distance. Oui, mais, il y a un cheveu, lequel est un câble. Les sables mettent un entêtement malfaisant à s’accumuler à leurs pieds, au point souvent de les rompre. Par endroits il faut les arc-bouter doublement, voire les mettre en fer. Vous en voyez d’enterrés, les fils.à fleur de sol. Si bien que, pendant des lieues et des lieues, impossible de longer la ligne. On doit prendre l ’arc de la corde, ce qui ajoute au kilométrage administratif de sérieux appoints. Puis on la re- joit, on la recoupe. Comme fréquemment elle se trouve masquée, d’autres repères s'imposent. Il y est pourvu par des pylônes en ciment,^édifiés sur des poins culminants et à certains angles optiques les rendant visibles de très loin. Mais ces angles,précisément tromperaient les non- initiés qui, croyant marcher dessus, s’écarteraient à droite ouàgauche ; et si légère que soit une divergence initiale elle est,- on le sait, susceptible de vous conduire tout à l’opposé. Croyez-moi, ne vous y fiez point. Se perdre ici, on frémit d’y penser. La base de. ces signaux est consolidée, comme celle des digues, par des cubes de ciment disposés en tous sens. Malgré cela, souvent ils s’affaissent, s’inclinent, parfois s’effondrent sous la poussée de ces sables à la fois compacts Dans les dunes de Souf Dans les sables de Souf
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