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assez rarement. La gestation de la femelle dure vingt- deux mois. Comme animal de transport, l’éléphant vous sert encore de protecteur ; il arrive docilement se coucher, les deux pieds de devant étendus, pour faciliter votre ascension ; il se relève avec précaution, et, pendant tout le trajet, il veille sur vous ; sa bonté naturelle va jusqu’aux prévenances si vous causez doucement et familièrement avec lui. Son allure est le pas ou l’amble ; s’il lui arrivait de trotter, la position ne serait plus tenable ; dans ce tangage infernal, que nul ne saurait décrire, on se briserait les os. Dans la vie de cet incomparable animal (que nous ne voyons dans l’Occident qu’à l’état de phthisique), dans sa vie véritable, lorsqu’il est dans son élément, sous le climat de feu qui décuple sa puissance et active ses facultés, bien des actes d’intelligence et de sagesse, de dévouement et presque de raison, sont à consigner. Voici une anecdote qui peut en donner une idée: il s’agit d’un éléphant qui sauve l’honneur de sa jeune maîtresse. Dans une des indigoteries du Bengale, un éléphant des plus intelligents, appelé Nelly-Pall, avait, par sa docilité, captivé les bonnes grâces de sa jeune maîtresse, la belle Willelmina, fille d’un riche propriétaire qui achevait de réaliser ses dix lacs de roupies (1 ) avant de partir pour l’Europe. Le riche indigotier rêvait déjà à ses préparatifs de départ ; il se plaisait singulièrement dans des pensées (1) Le lac de roupies vaut 250,000 fr. d’orgueil paternel, vanité légitime que nous n’osons lui reprocher, tant il était heureux et fier de pouvoir montrer à la pâle Europe sa Willelmina, cette perle resplendissante de tous les feux de l’Orient. Sans l’intelligent Nelly-Pall, que fût-il cependant advenu ? le voici. ' A la sagesse des animaux de sa race, Nelly-Pall joignait encore un vif attachement pour la belle jeune fille qu’il avait vue naître et dont il avait partagé les jeux enfantins. Plus d’une fois le colosse complaisant s’était couché à l’ordre de la petite fille ; dans sa masse gigantesque il savait trouvèr des poses et des grâces à faire rire l’enfant, et peu de séances se terminaient sans qu’il lui offrît une fleur délicatement placée dans sa trompe. Quand notre capricieux lutin demandait l’heure à Nelly-Pall, il tendait son pied, et avec gravité il frappait distinctement à terre autant de coups que le soleil avait parcouru d’heures à l’horizon ; quand Willelmina lui demandait pourquoi il avait le nez si long, le pauvre animal, honteux et confus, semblait vouloir dissimuler les proportions de sa trompe, admirable instrument mis à la disposition de son instinct et de sa sagesse. Bref, la belle jeune fille avait conservé sa prédilection pour son compagnon d’enfance, et ce dernier lui continuait un dévouement sans bornes, ravivé chaque jour par les morceaux de sucre et les friandises que lui prodiguait sa charmante maîtresse. Que de fois ne vit-on pas Willelmina grimper seule sur le dos de son fidèle ami et faire dans les environs de petites promenades matinales. il


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