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chercher sa nourriture, et qui, s’il est fantassin, se fait suivre de ses femmes, lesquelles, le plus souvent, portent ses armes, tout cela contribue à former une singulière milice peu propre à tenir au feu, et partant facile à vaincre : aussi les nations Européennes se sont-elles laissées aller aux conquêtes. En 1497, l’amiral Portugais Vasco de Gama, après avoir doublé le cap de Bonne-Espérance, fut le premier qui aborda l’Indoustan avec esprit de conquête. L’Indoustan, la partie la plus belle de l’Asie, était connue dans les temps les plus anciens. Les premiers peuples commerçants y ont trafiqué sur les toiles peintes qui ne se trouvaient alors que dans ce pays. Les Grecs, avant Pythagore, allaient s’instruire dans l’Inde, et Bé- narès était célèbre dans l’antiquité la plus reculée. Quand les Portugais y vinrent, l’Indoustan était au pouvoir des rois de Delhi, de Calicut, de Cambaye, et d’autres, qui avaient eux-mêmes des rois pour tributaires. Les Portugais choisirent, vers le milieu de la côte de Malabar, un point facile à défendre; ils préférèrent Goa, qui offre un magnifique port, un climat sain et une position admirable. Cette conquête ne leur coûta que peu d’efforts, et Albuquerque, nommé vice-roi, y établit sa résidence et le siège de la puissance Portugaise dans l’Inde. Les Tartares Mogols, s’imposant en vainqueurs, étaient alors les maîtres des plus belles contrées des Indes Orientales. L’Indoustan est borné au nord par le royaume de Népaul, au nord-est par le Birman, au nord-ouest par le Caboul, et il est, pour le surplus, entouré par la mer des Indes ; il comprend en un mot tout le pays renfermé entre Y Indus et le Gange, ces deux immenses fleuves qui ont leur embouchure à 400 lieues l’un de l’autre. Dans cette grande étendue, et suivant la direction du Nord au Midi, s’élève, comme une gigantesque épine dorsale, une chaîne de hautes montagnes (1 ), se terminant au cap Comorin ; elle sépare la côte de Co- romandel de la côte de Malabar. A droite sont le Co- romandel et Orixa ; à gauche sont le Malabar et le Concan. Cette chaîne de montagnes semble une barrière élevée entre les saisons opposées; leur épaisseur y sépare l’été de la saison pluvieuse ; il n’y a pas d’hiver pour les tropiques. Les nuages, violemment poussés contre les flancs de ces hautes montagnes, éclatent en pluies torrentielles et en orages répétés à l’est, tandis qu’un calme parfait et la mer la plus limpide favorisent là côte à l’ouest. Au printemps, la mer qui baigne la côte de Malabar commence à se tourmenter et à mugir dans le pressentiment des naufrages, pendant que la mer qui baigne le Coromandel voit glisser et se refléter tranquillement su r son sein les plus légères embarcations, insouciantes de 1 ouragan ; mais, à l’automne, les rôles changent. Six mois de bonheur préparent à six mois de craintes. Le calme passe à l’occident; le ciel s’v dégage, à son tour, pour prendre l’aspect de l’airain embrasé, et, au même moment, les éléments déchaînés s’allient (1) Ces montagnes s’appellent les Galtes.


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