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l’avons fait avec une excessive réserve, et elle devait être d’autant plus grande que nous serions désolé d’enlever aux commissions officielles la primeur des renseignements qu’elles doivent à l’impatience légitime du public, et qu’elles lui donneront, je n’en doute pas, avec talent et autorité. Je m’abstiens de parler de la Cochinchine, ce royaume tout maritime, placé au sud de la Chine; notre drapeau vaillamment porté par l’amiral Bonnard vient d’imposer le respect à Saigon ; aujourd’hui même on traite à Touranne, et Hué, qui est la capitale de ce royaume, ne rappelle que le souvenir des martyrs de la foi, c’est-à-dire la glorieuse auréole des missionnaires français ! Mentionnons que ce pays produit le meilleur fer connu, de l’or très-pur, la soie du pitre, le plus dur des filaments, provenant d’un arbre qui ressemble au bananier. Je vais donc reprendre mon programme, suivre mon' plan. Je continuerai à éviter au lecteur l’ennui des longues tirades ; de mes recherches souvent fatigantes, j’éloignerai ce qu’il y a de trop soporifique ; je ne veux pas, comme les Anglais, saisir les gens à la gorge pour les forcer à prendre mon opium. Mon but n’est pas mercantile, comme on l’a vu dans l’exposé placé en tête de ce livre, et je n’hésite pas à confesser que, si mon opinion sur certains points est assez arrêtée pour se traduire sans détour, mon désir a été bien moins de me procurer le plaisir de l’exprimer que d’être utile en la développant. Je sais parfaitement que l’agréable fiction pourrait charmer davantage; des récits romanesques, saupoudrés d’un peu d’orientalisme, quelque épisode dramatique, montrant la flamme lugubre du bûcher qui dévore la veuve du Malabar impitoyablement immolée sur le corps de son mari (1 ), auraient eu plus de vogue, auraient captivé l’intérêt des uns, frappé l’imagination des autres et appelé peut-être sur ce livre un demi- succès littéraire ! Mais la vérité m’a paru préférable, à moi qui ne cherche le succès que pour mon pays. Oui, ce succès, je le voudrais éclatant et complet! Voilà pourquoi, laissant de côté l’exagération orientale, je reviendrai à la précision des faits et à la sincérité de ma nature bretonne, pour tendre directement à mon but. (1) Le supplice religieux et barbare du suttee est encore en honneur dans certains pays de l’Inde. La veuve d’un Indou doit se brûler vive sur un bûcher, comme témoignage de sa douleur. Il faut aller dans l’Inde la plus reculée pour trouver chez la femme cet héroïsme dans la résolution et cette énergie dans le martyre. FIN DE LA DEUXIÈME PARTIE.


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