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provocation gratuite, il devient évident que le sentiment de la dignité nationale pourrait nous imposer l’obligation d’intervenir à Madagascar. 1° Au point de vue de l’exécution des traités ; On ne se joue pas, en effet, des traités passés entre les peuples, et la sauvagerie de l’un ne saurait aller jusqu’à les violer impunément aux dépens de l’autre. Or, nous avons avec Madagascar un traité du 12 novembre 1862; iL va dès lors de droit que ce traité sera maintenu dans son entier, dans ses dispositions les plus favorables pour le présent ; que les jalons de sécurité pour l’avenir seront respectés et que toute annexe au traité ne passera pas à l’éta,t de lettre morte. 2° Au point de vue d’une démonstration provocatrice ; Un parti rétrograde vient d’assassiner son roi et de prendre la direction de ce pays. Comment ce parti justifie-t-il son aveugle fureur? en y ajoutant une insulte pour la France. Il a immolé Radamah parce qu'il était trop favorable aux Étrangers et particulièrement aux Français (1). Ici se présente une série d’appréciations infiniment délicates, et il n’est pas besoin de rappeler qu’en 1845 des commerçants français ont été injustement déca- (1) Des renseigements, qui paraissent dignes de foi, font savoir que Radamah vit ; mais qu’il est dépossédé et séquestré à raison de son penchant pour la civilisation française. Pour nous, nous ne croyons plus à l’existence de Radamah. pités à Madagascar, pour montrer combien la situation est pénible et difficile à supporter, à moins d’un retour loyal à des idées et à des procédés de nature à nous faire oublier le passé. Quelle que puisse être l’innovation produite à Madagascar, nous voudrions y voir intervenir l’esprit bienfaisant et régénérateur de la France. La paix, la loyauté et l’exécution des traités conviendraient mieux à une puissante action civilisatrice, et à Madagascar cette action serait immense. Ces insulaires sans culte, sans liberté, sans police, sans tranquillité, sans sécurité, sont fatigués de l’anarchie qui existe entre les tribus. Ils accueilleraient avec amour l’ordre dans la liberté. La vie tranquille et le bonheur en feraient des adeptes dévoués à un nouvel état de choses, qui ferait luire à leurs yeux les jouissances de l’industrie et qui frapperait en même temps leur imagination par la supériorité de nos goûts par l’étendue de notre génie. Appeler toute une nation à la lumière; guider ses premiers pas vers la civilisation ; délivrer un peuple des liens de la barbarie ; lui faire son éducation morale et politique, ce serait une gloire digne de la France ! Il ne faudrait pas prendre ces voeux pour les désirs vagues d’un humanitaire, ni les considérer comme le plan hasardé d’un système philosophique ; non, il y dans nos appréciations sur Madagascar quelque chose de pratique, quelque chose de solide, que les conquêtes des Européens n’auront jamais dans les Indes


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