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XVI Guerre civile. — Visite du directeur de la Société. — Une tournée dans les Églises du Lessouto. Départ prochain. . Léribé, 10 juillet i883. Quelques jours encore, et il y aura un an que nous sommes de retour ici. Et nous ne devions y passer que six mois!... Ce séjour forcément prolongé n’aura cependant pas été une éclipse pour la mission du Zambèze. C’est qu’il a plu à Dieu de nous mettre dans le creuset. Il a permis que notre foi passât au crible, et que les vagues du désappointement et de la tristesse vinssent les unes sur les autres se briser contre nous et nous couvrir de leur écume. Je le comprends maintenant; après le bruit et la publicité de l’Europe, il nous fallait les revers qui humilient, le silence et le recueillement de la solitude, qui rapprochent du Seigneur et font pénétrer plus profondément dans l’intimité de sa communion. La conférence d’Hermon, au mois de mars, m’a personnellement fait du bien. Il fait bon —• après une longue séparation et une crise comme celle que nous avons traversée — de se revoir, et de causer avec des collègues qu’on estime et qu’on aime. Nous comptions que les fêtes du Jubilé seraient, surtout pour nous, un temps de rafraîchissement. Nous y avions mis notre coeur. Nous aurions voulu passer encore quelques jours en famille, avec les familles de notre colonie missionnaire, avant notre départ pour l’intérieur. L’occasion surtout me paraissait unique de plaider la cause de la mission du Zambèze devant les Eglises assemblées, de la placer sur leurs consciences et sur leurs coeurs et de la leur proposer comme un monument digne d’elles à élever à la gloire de notre Dieu. C’était d’autant plus nécessaire que, pendant les dernières années, il y a eu un pas rétrograde, un grand refroidissement de zèle missionnaire, dû en grande partie aux préoccupations politiques. Nous faisions des plans, oui — mais nous étions sur un volcan. Il fit irruption, la guerre civile éclata, notre malheureux district fut une fois de plus livré au pillage et à la destruction — et adieu nos plans, nos douces perspectives, nos jouissances anticipées ! Adieu notre moisson de bénédictions, adieu notre Jubilé ! Vous savez le reste : les derniers hameaux du district détruits, la ville de Molapo et ses belles maisons européennes, construites et meublées à grands frais, réduites en cendres, des vieillards massacrés, des enfants mutilés, des femmes ignominieusement dépouillées et maltraitées, même sous nos yeux, sur la station où elles avaient cherché un refuge à « l’ombre de la maison de Dieu ». Les alertes, les paniques, l’isolement, le suspens et la perplexité annonçaient mal le Jubilé. M’absenter, c’était impossible. ■ Il semblait que ië Jubilé ne fût pour nous qu’un mirage. Nous avions la douceur de posséder mon futur collaborateur, M. Jeanmairet, un jeune homme sérieux et aimable — et aussi un ami, un jeune avocat de Genève, M. Gautier. Simple visiteur du pays, étudiant en amateur, il a pu en quelques mois se rendre assez maître de la langue pour la comprendre et même la parler en public. Son ardente affection pour les indigènes lui inspirait des mouvements généreux et délicats. Nous attendions la visite de nos chers amis, M. et Mme Boegner, et M. Gustave Steinheil. La présence de M“" Boegner a donné à ce voyage et à nos rapports quelque chose de tout particulièrement doux et intime. Elle a apporté à nos chères compagnes sa part de bénédictions. Elle a pu s’initier à plus d’un détail de la vie matérielle d’une dame missionnaire, et elle s’associera sûrement d’une manière plus effective à leurs difficultés. Le bien que son passage a fait se continuera. Nous bénissons Dieu de ce qu’aucune alerte n’est survenue pendant le séjour de nos amis ici. Nous, nous l’avons mis à profit pour étudier encore ensemble certaines questions qui se rapportent à la mission du Zambèze. Le moment est venu, en effet, où nos plans doivent prendre une forme définitive et où nous allons enfin mettre la main à l’oeuvre. Dans peu de jours, Jeanmairet et moi allons , nous mettre en selle, et, à l’invitation de la conférence visiter les Eglises et leur faire nos adieux. Notre programme est chargé. Notre voyage, qui doit commencer après-demain, ne se terminera que dans six semaines. J’avoue que je l’appréhende un peu, surtout en plein hiver. Il m’en coûte, surtout, de m’éloigner pour si longtemps de la station, et de laisser ma femme seule avec ma nièce. Nous avons maintenant une trêve qui s’est prolongée bien au delà de nos espérances. Combien de temps durera-t-elle ? Nous nous cramponnons à l’espoir que cette éclaircie est le présage du retour du beau temps, et non point le calme qui précède les tempêtes. Léribé, 28 août i883. Vous attendez des nouvelles et je vous les dois. Notre voyage a duré six semaines. Jeanmairet est décidément passé maître en équitation ■ c’est


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