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que je sers, lui qui est notre sagesse et en qui se trouvent tous les trésors de la sagesse, me donner la sagesse que requiert ce poste, difficile entre tous, et le zèle qui sait racheter le temps ! C’est le 27 octobre au soir que je quittai Séfoula. Le lendemain était un double anniversaire: celui du mariage des Ad. Jalla, et celui de l’entrée dans la gloire éternelle de celle qui m’a quitté. La joie n’est pas incompatible avec la douleur. Jamais le Sauveur n’a plus parlé de joie que dans ses derniers entretiens avec ses disciples, à la veille de. sa mort. Le deuil du chrétien n’est jamais sans son arc-en-ciel ; mon deuil aussi a eu le sien. Le soleil brille, mais c’est dans un ciel de nuages et de pluie. Et tout en me réjouissant de coeur avec mes jeunes amis, tout en baisant la main de mon Père et adorant ses dispensations, pour moi encore mystérieuses, je ne voulais pas, il ne fallait pas que ma présence jetât une ombre sur la fête de mes amis. J’avais aussi, moi, besoin d’être seul avec mon Dieu. Et je partis. Le 28, donc, le jour et l’heure même où, l’an passé, j ’étais laissé seul dans cette vallée de misère, je dételais ma voiture et plantais ma tente sur ce petit monticule isolé et désert, à l’entrée de la capitale. Ce monticule, d’un mètre et demi ou deux au-dessus du niveau de la plaine, et qui mesure cent vingt mètres par soixante ou soixante-cinq, c’est le monticule des sorciers, le calvaire du paganisme, qu’on désigne du nom local de Loatilé. C’est là qu’on exécutait les sorciers en leur administrant le poison et en les brûlant ensuite ; c’est là qu’on enterrait leurs cadavres ou qu’on les laissait se décomposer au soleil. Personne n’a jamais demeuré ici, personne n’y passe, personne n’y cultive. C’est un beu exécré. Partout, tout autour, c’est la plaine, la plaine dénudée et triste, si chère aux ba-Rotsi. Le regard se perd dans cette immensité. A gauche, au loin, une légère ligne bleue; et à droite, une ligne semblable, mais plus accentuée, bornent l’horizon. Ce sont les dunes pauvrement boisées qui formaient jadis les rives d’une grande et belle nappe d’eau. Devant moi, tout près, c’est le gros village, la capitale d’une contrée immense, mais peu peuplée. Elle n’a rien de bien imposant, cette capitale : un amas confus de huttes rondes, aux toits pointus comme des ruches, d’où, le soir, s’élève un sourd murmure, le gémissement de la vie humaine, et le roulement des tambours, qui chasse toute la nuit les mauvais esprits pendant le sommeil du roi. Du sein de ces huttes percé le toit de chaume de la maison du roi, un vrai palais aux yeux de ces pauvres gens. Elle domine tout, cette maison. Elle est le centre du harem, comme le harem est le centre de la ville, et la ville le centre du royaume. Et la royauté qui siège dans ce pays de roseaux et de chaume, c’est le centre du centre, le centre de tout. Tout est pour elle, tout se rapporte à elle, elle absorbe tout. C’est le malheur du pays, c’est un SUR LE H A U T - Z AMB È Z E , ■


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