san infériorité d’état sauvage. Probablement la nature, qui a donné aux Kabobiquois un corps plus agile, et un caractère plus courageux, leur aura donné aussi un moral plus perfectionné. C’est à eux que je dois de connoître les lieux où l ’Orange prend sa source. Jecroyois que ce fleuve venoit des montagnes du centre; et ils m’ont appris que ,si dans son cours il paroissoit s’en approcher, c’étoit après avoir fait de longs détours et pris naissance loin de-là, dans les montagnes qui sont plus au nord-est. ■ A la suite d’une de leurs émigrations , ils avoient été s’établir sur ses bords , à soixante lieues du désert qu’ils habitaient maintenant ; mais inquiètes par les Houzouânas, et contrariés par les sécheresses, ils s’en etoient. éloignés , pour revenir dans le canton où je venois de les trouver. De toutes les nations africaines, celle-ci est la seule chez Îaqtielle j ’aie trouvé quelque idée confuse d’un dieu. J ’ignore si c’est à ses seules réflexions ou à ses communications avec d’autres peuples , qu’elle doit cette connoissance sublime, qui seule la rapprocheroit des nations policées ; mais elle croit ( autant que j’ai pu m’en assurer par mes gen s), qu’au-dessus des astres il existe un être puissant, lequel a fait et gouverne toutes choses. Au reste , je dois à la vérité d’ajouter ici quë ce n’est-là pour elle qu’une idée vague, stérile et sans suite; qu’elle ne soupçonne ni l’existence de l ’ame, ni par conséquent les peines et les récompenses d’une autre vie ; enfin que, n’ayant ni culte, ni sacrifices , ni cérémonies religieuses, ni prêtres, elle n’a point ce que nous appelions religion. Je sais que Kolbe avance sur les Africains une opinion différente; mais j’ai déjà dit ce que je pensois de cet auteur. Cependant j ’avouerai que tout dans Kolbe n’est pas mensonge , et que souvent même ses mensonges sont fondés sur une vérité qu’il a défigurée sciemment, ousottement adoptée. A in s i,, par exemple, il aura vu une femme à qu i, dans une maladie , on avoit Coupé , d’après de prétendues idées de guérison» une . articulation des doigts de la main gauche ; et selon lu i , c’est-là une pratique religieuse , usitée pour toutes les veuves qui se remarient. . On lui aura dit vaguement, qu’il y a des peuplades chez lesquelles la circoncision est d’usage, et d’autres qui extirpent aux maies un testicule; et le voilà qui circoncit toutes les différentes races hottento- tes, et qui décrit, comme témoin oculaire, et dans le plus grand détail, la sémi-castration, quoique jamais il ne soit sorti du Cap. Il est naturel qu’un père dispose de ses enfans, et que lui-même il fasse la cérémonie de leur mariage , si l’usage admet cette cérémonie. Eli bien ! chez Kolbe , cette simple pratique devient religión , s a c r i f i c e , danse.superstitieuse, sorcellerie, etc., etc. ; c est un grand- prêtre, qui, chargé de la circoncision, d e là sémi-castration et de tous les usages religieux, sanctionne encore les mariages, et qui, toujours maître d’une évacuation qui nous commande bien plus que nous ne lui commandons , .les bénit par une copieuse aspersion d’urine. Du tems de l ’auteur, on ne connoissoit point au Cap les Kabo- biquois. Je suis, le premier qui aie fait entendre leur nom, à ce que je crois. Mais il sé peut qu’on lui ait parlé de quelques peuplades qui, plus courageuses que le® autres, ou plus exposées aux attaques des animaux carnivores , se faisoient une loi de les Combattre , et, comme les Kabobiquois, un honneur de porter leur dépouille. Sans doute , il n’aura pas cru qu’un fait aussi simple fut digne de figurer assez brillamment dans une relation de voyages, et que des lecteurs pussent s’intéresser à des Sauvages, qu i, pour conserver leurs bestiaux, déclarent la guerre aux animaux qui en sont les ennemis. Il a embelli l’histoire de ces chasses, et l’a changée en un ordre de chevalerie dans lequel on n’est admis qu’après de grandes prouesses et avec .des cérémonies particulières , pratiquées par le grand-prêtre. Mais c’est insister trop long-tems sur des mensonges invraisemblables et des fables absurdes. Je reviens à mes Kabobiquois», ; - Instruit, autant que je pouvois l’être , sur ce qui les regardoit, j’avois ajouté à ina collection les oiseaux de leur canton , et ne
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