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revins an Cap et fine je la donnai pour le gestreepte woff, tout le monde me crut, et l’on no douta plus que ce ne fût elle. Cependant, il se pourroit qu’elle en différât encore par quelque caractère particulier, et qu’elle formât une quatrième espèce, distincte de l ’autre. Peut-être un jour parviendra-t-on aies connoître toutesplus particulièrement. En parlant avec le chef, par mes interprètes, je m’étois apperçu qu’il lui manquoit deux articulations au petit doigt de la main gauche. Je m’avisai de lui en faire demander la raison, et j ’appris, sans détour, qu’ayant eu dans son enfance une maladie très-grave , on lu i avoit fait cette amputation pour le guérir. Cependant, quoiqu’il eut satisfait à ma question, je m’apperçus qu’elle ne lui avoit point été agréable. Pendant le reste de notre conservation il parut peiné que, de tems en tems , je portasse lesyeux sur sa main ; et jusqu’à mon départ il affecta toujours de la cacher , lorsque nous étions ensemble. Au reste , c’est un vaste sujet de réflexions que cette coutume d’un peuple sauvage qui , pour soulager un homme souffrant, ajoute à ses maux des souffrances nouvelles qui ne sont que des souffrances 5 et j'avoue que cet exemple contrarioit un peu mon expérience qui jamais ne m’avoit fait rencontrer aucun homme mutilé ou contrefait, en quoi que ce fût. Paterson dit en avoir vu aussi des exemples dans une horde à l ’embouchure de l’Orange ; et ce fait est croyable. Quelque absurde que soit un usage, des peuples sauvages, lorsqu’ils sont voisins, peuvent l ’avoir pris les uns des autres. Mais qu’il se trouve également dans d’autres parties du monde ; qu’on le voie pratiqué chez des insulaires de la mer du sud, qui, depuis que leur île est habitée, n’avoient peut-être jamais vu un étranger avant le capitaine Cook et Bougainville ; voilà ce qui doit étonner, J ’usse fort désiré interroger en détail sur tout ceci- les gens de la horde. J ’eusse voulu également leur adresser des questions sur quelques coutumes qui me paroissoient singulières ; mais les difficultés croissoient à mesure que j ’avançois dans la contrée. Les Kabobiquûis ayoient avoient une langue particulière ; et cette langue , quoiqu’elle eût le clappement hottentot, n’étoit entendue que par les Koraquois q u i, à raison du voisinage, entretenoient avec eux quelques liaisons. II en étoit de même de l’idiome des Koraquois, par rapport aux Namaquois, leurs voisins. Ainsi, quand le chef de la horde voix- loi t me parler, il adressoit la parole à mes Koraquois ; ceux-ci la rendoient dans leur langue aux Namaquois; et les Namaquois, la traduisant à leur tour, la faisoient passer aux Hottentots de la horde de Klaas Baster, qui me l ’interprêtoient dans la leur. Il en étoit de même de mes demandes. Rien n’arrivoit à mon oreille qu’après avoir passé par quatre bouches différentes. Mais le résultat me faisoit aisément appercevoir que l’idée arrivoit jusqu’à moi avec autant d’altération que les pensées des poètes de l ’antiquité nous ont été transmises ; malgré tout le génie de nos sublimes traducteurs. Pour ceux de mes Hottentots que j’avois pris au Cap et dans les colonies , ils n’entendoient absolument rien à ces idiômes ; et dans nos conversations ils étoient totalement nuls : tout cela paroissoit leur donner de l ’humeur. Mais ce qui me chagrinoit davantage , et ce qui rendoit pour ceu x-c i mes entretiens vraiment fatigans, c’est que mes Namaquois entendoient mal la langue koraquoise, et si mal que souvent ils se disputoient entre eux sur le sens de ee qu’on leur disoit. * De-là il arrivoit quelquefois que, quand je demandois quelque chose , la réponse qui me revenoit ne se rapportoit nullement à ma demande. Cet inconvénient étoit sans remède, et malheureusement il devoit s’accroître encore , à mesure que j’avancerois dans la contrée. Si depuis le pays des Petits Namaquois jusqu’à la horde ka- bobiquoisé j’avois trouvé quatre langages différens qui exigeoient de moi quatre sortes d’interprètes, queseroit-ce quand j ’aurois ajouté, à mon éloignement des colonies, plusieurs centaines de lieues ? Que de difficultés , si chaque peuplade que j ’allois rencontrer, avoit son idiômë ? Cependant- toutes ces difficultés ne me rebutoient .pas tant que mes gens, et il me restok toujours pour ressource la mère des langues , le signe du besoin. Tome I I . y


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