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croyoient exposé , et furent fort surpris-de me voir en extase devant une fleur. J ’envoyai chercher au camp quelques ferremens , et l’une de ces jolies corbeilles semblables a celles que Narina m’avoit données. Nous dégageâmes l’oignon du lys j nous l’enlevâmes avec précaution ; il avoit treize pouces de hauteur, e t , y compris ses cayeux, vingt- sept pouces de circonférence. Par sa forme et sa couleur il res- sembloit à l’oignon de la tulippe ; mais au lieu d’être composé de feuillets séparés, commel’oignondulys, il étoitplein, charnu et fort pésant. Au moins c’est ce que je conjecturai par analogie , d’après quelques cayeux extérieurs qui dans l ’opération furent, malgré tous nos soins, tranchés par les ferremens. La plante , bien arrangée et plantée, en quelque sorte, dans sa corbeille, fut placée à l’entrée de ma tente, comme ornement et spectacle. Successivement ses corolles s’ouvrirent et s’épanouirent toutes; et pendant long-tems j ’eus le plaisir de m’enivrer de sa vue et de son odeur délicieuse, jusqu’à ce qu’épuisé de parfums et n’ayant plus assez de force pour pomper la seve qui le faisoit vivre , je l’ ai vu insensiblement se courber, se faner et mourir. J ’ai eu le bonheur de préserver l’oignon de ce lys pendant tout mon voyage ; je l ’ai rapporté au Cap dans le dessein de le faire passer au Jardin des Plantes; mais on a vu dans la relation de mon premier voyage , le sort qu’ont eu les graines que j’avois amassées , et cet oignon étoit malheureusement du nombre...... C’étoitle 14 janvier que nous étions venus camper sur les bords de la Rivière des Poissons. Pendant mon séjour dans cette contrée, j ’avois changé souvent de cainpemeïit, afin d’y trouver, selon mes diverses stations, des objets^nouveaux. E t , en effet, elle m’avoit fourni, seulement en oiseaux, plus de quatre-vingt espèces différentes, dont dix étoient nouvelles. Il m’en coutoit de quitter un canton aussi agréable et qui, indépendamment de ce qu’il ajoutoit à mes collections, m’assuroit une surabondance de vivres pour mes gens. Enfin cependant, le 24 > j ’annonçai mon départ ; mais ma caravane étant venue , en troupe, iïie demander quelque tems encore pour achever la préparation de notre provision de rhinocéros, je retardai de trois jours. Ce retard fut employé avec beaucoup d’ardeur. Tous, hommes et femmes, travaillèrent sans relâche sur l’animal ; et quand je partis, ils regret- toient beaucoup d’en laisser encore bien plus qu’ils n'en emportoient. Pour arriver à une horde Kabobiquoise , que je me proposois de visiter , nous n’avions que huit lieues à faire ; mais ces huit lieues étoient à travers des montagnes si arides, des gorges et des défilés si difficiles ; qu’une journée ne pouvant suffire , mes guides Koraquois me conseillèrent de partir de nuit, si je ne voulois pas être obligé de coucher en route et me voir exposé à manquer d’eau. Nous nous mîmes donc en’ I marche à deux heures du matin, en nous dirigeant nord-ouest ; et vers midi nous nous arrêtâmes , pour dîner, à l’abri de quelques rochers qui nous garantirent de l’ardeur dévorante du soleil. Il nous restoit encore trois lieues à faire. Je voulus, selon ma coutume , que Klaas et quelques autres de mes Hottentots prissent les devants , et qu’escortés par deux des guides , ils se rendissent à la liordè et la prévinssent de mon arrivée. Mes Koraquois m’assurèrent que cette précaution étoit complettement inutile ; ce qui me liSoupçonner que déjà quelques-uns des leurs m’avoient dévancé. Effectivement les Kabobiquois m’attendoient avec une impatience 4 ’enfant. Tout ce qu’on leur avoit dit de moi, portait le caractère de l’enthousiasme le plus exagéré , et leur imagination avoit enchéri encore sur ces extravagances. Cet homme blanc, ces fusils , ces instrumens , toutes ces choses qu’ils n’avoient jamais vues , leur tournoient la tête, et le retard de mon arrivée étoit pour eux un tourment.,. Dès, que ma troupe fut apperçue, la horde toute entière quitta le kraàl et accourut, avec empressement, à ma rencontre. J ’éprouvai ici avec un surcroit d’obsession, tout ce que j ’avojs plus d’une fois causé de bouleversement dans des hordes toutes neuves de Sauvages. Hommes et femmes, tous indistinctement, m’entourèrent et se précipitèrent autour moi pour m’examiner. Ne pouvant en croire leurs yeux sur ce qu’ils voyaient, chacun me palpoit. On me tou


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