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Ce peuple est haut de taille, et par conséquent beaucoup plus grand que les Hottentots des colonies. Les miens ne lui venoient qu aux épaulés, .et il avoit la tête toute entière au-dessus d’eux. Malgré cette différence de stature, malgré-celle de sa peau qui est plus noire, .et celle de son visage dont la pommette n’a presque pas de proéminence, je le crois d’origine liottentote. Au moins, il a la langue et les usages des Namaquois , ses voisins, lesquels sont o r iginairement Hottentots. Son habillement est le même que l’habillement namaquois , et il n en différé que par la matière , qui, chez lu i , est la peau des hien- nes, et sur-tout celle des jakals ; animal qu’on rencontre en abondance dans ces cantons ingrats. Quant aux peaux de buffles et de girafiès, beaucoup trop épaisses pour servir de vêtement, elles sont employées à couvrir les huttes.. La grande aridité du pays rendant les sources très - rares, le Koraquois n’a pu l ’habiter sans avoir trouvé un moyen de suppléer à la disette d’eau. Pour ce la, ü creuse en terre une sorte de citerne, ou plutôt un vrai puits, dans lequel on descend par des degrés ; et c’est la seule nation africaine chez laquelle j ’aie trouvé ce genre d’industrie. Comme ces puits ont toujours peu d’eau et qu’on n’en a point à perdre, on a soin d’en interdire l ’accès, même aux oiseaux; et pour cela on en ferme l ’ouverture avec des pierres et des branchés ; de sorte qu’à moins de les connoître, il est presqu’impossible de les trouver. Tous les jours, on y descend pour tirer l ’eau qui est nécessaire à la consommation des hommes et des bêtes. On la puise avec des espèces de jattes faites d’un bois creusé et on la verse dans des peaux de buffle ou de giraffe , qu’on étend par terre et auxquels on a donné une forme concave pour contenir de l ’eau ; mais on la distribue avec la plus grande parsimonie, et jamais on n’en tire que ce qui est d’une nécessité absolue. Néanmoins, malgré cette économie sévère, les puits tarissent souvent ; et alors la horde est obligée de se transporter ailleurs. Aussi, parmi les nations de l’ouest, n’en est-il aucune qui soit autant nomade que celle-ci. De cette vie errante et vagabonde , il résulte que Te Koraquois, changeant, souvent de séjour, et par conséquent se donnant sans cesse de nouveaux voisins , il doit adopter , en quelque sorte, les usages des nations près desquelles il va s’établir, C’est ainsi, par exemple , que dansées peuplades' les uns se graissent, comme les Hottentots ; tandisque d’autres se tatouent le visage, la poitrine et les bras , à la manière dé? Caffres. Cependant il est à remarquer que les couleurs qu’employent ceux-ci ne sont point les mêmes pour tous; que chacun a les siennes, selon que son caprice les lu i fait préférer ; et qu’ordinairement il les varie chaque; jour : ce qui rend, en quelque sorte, les co-habitans d’une horde étrangers l ’un à L’autre , et leur donne l ’air d’une mascarade de carnaval. Depuis que dans la horde de Klaas Baster j ’avois été blessé par un géranium épineux, j ’avois soin, chaque fois que je campois dans un lieu nouveau , de faire arracher autour dè moi tbus ceux que j ’y trouvois. Parmi ceux qu’on eut occasion de détruire près du kraal de Haripa, j ’en trouvai une superbe espèce à très-longues épi- nes, dont j ’ai apporté les dessins-, et que je publierai par la suite' en parlant des plantes nouvelles que j ’ai rapportées de mes voyages. ■ J<’ai trouvé dans les mêmes environs deux nouvelles espèces d’ètx- phorbes, .dont je donne ici les figures : le premier, que je nomme euphorbe à côte de melon, ne s’élève tout au plus que de trois à quatre pouces de terre, à laquelle il tient par un amas de racines fibreuses qui tontes sortent du milieu de plusieurs tub'ercüles disposées en manière de couronne ; la tige forme un globe déprimé , ex- cavé au sommet et à côte, absolument comme notre pomme dite calville blanche; ces côtes sont relevées épaisses, convexes, d’une ’ couleur verdâtre, et marquées de bandes brunes transversales. Dè la partie supérieure des côtes sortent plusieurs petits bouquet? dè fleiirs pédonculées. J ’ai donné le nom d’euphorbe à chenilles au second , parce qu’en effet en le voyant je crus appercevoir plusieurs belles chenilles épineuses. V o ic i, en deux mots, sa description : d’une racine tubéreuse


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