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E N A F II I Q Ü E . 67 quand je l’aurois voulu, j ’étois bien loin de le pouvoir. Pendant les vingt-six jours de mon absence, non-seulement j ’avois perdu tous mes boeufs, à l’exception de onze ; mais ces onze étoient eux-mêmes dans un état de dépérissement qui m’en faisoit désesperer. Je déclarai donc tout haut que si j ’étois revenu au camp, c’étoit uniquement pour me débarrasser de ma giraffe, et que j ’avois l’intention de repartir au plutôt et d’aller, ou chez les Grands Namaquois, ou chez quelque autre peuple voisin, acheter de quoi remonter mes voitures. A cette impatience de mes gens pour leur retour, se joignoit un autre sujet d’inquiétude, bien plus allarmant encore. En arrivant au. camp j ’avois été salué par un personnage inconnu, qui n etoit venu,, disoit-il, que pour me voir et me faire visite. Son visage annon- çoit vingt-quatre ans; mais ses traits portoient un tel caractère de scélératesse qu’on n’avoit pas besoin de savoir son nom pour concevoir de lui l’opinion qq^il méritoit. C’etoit Matthys Moodel, 1 ami intime de Bernfry, et l ’un de ces fugitifs proscrits de la Colonie pour leur conduite, et par les Colons pour la noirceur de leurs forfaits. La réunion de ces deux hommes ne pouvoit que m’inquiéter'beau- coup , et je la regardois comme un mal cent fois pire pour moi que ne l’eût été le voisinage des lions, des tigres et de tous les monstres d’Afrique. Après tout, n’étoit-il pas possible que de pareils hom- mes se fussent ligués ensemble pour venir m’assassiner et s emparer de mes armes et de mes munitions. Un tel projetétoit digne d e u x 5 et l ’éloignement des déserts où ils vivoient leur en assuroit l ’impunité. Quelles eussent donc été mes craintes, si j avois su alors, comme je l ’ai appris depuis, que tel étoit en effet leur metier, et que tous deux étoient liés avec les Boschjesman ; qu’ils leur donnoient des renseignemens pour venir piller les Namaquois, et partageoient ensuite le butin avec eux. Swanepoel, il est vrai, m’avoit averti que pendant mon absence quelques Boschjesman étoient venus au camp, sous pretexte de lui demander du tabac. Cette sorte d’espionage eût dû suffire seul pour m’ouvrir les yeux. Mais quoique les deux coquins me parussent I *


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