cher continuellement à travers des rochers ou des sables , couché y la nuit, sur une simple natte, n’ayant ordinairement pour boisson que de l’èau saumâtre j certes cette v ie , quoiqu’on en dise y n’avoit point été celle d’un satrape : et néanmoins je ne me pkignois point dé lavoir menée. Jamais même, malgré ma maigreur, je ne m’étoïs porté aussi bien. Je traversai la rivière sur le radeau , et me retrouvai enfin dans mon véritable camp. Ce moment fut délicieux pour moi. Il me sem- bloit rentrer,, après un long e x il, en possession de mon bien. Les chiens que j ’y avois laissés me reconnurent. Ils sautèrent à moi avec impétuosité et me firent mille caresses. Dans de pareils instans, les plus petites bagatelles sont des, jouissances. Pendant mon absence , Swanepoel avoit laissé lapoule- couver ses oeufs-. Elle avoit seize petits déjà très-forts. Les cliiens- que je ramenois,,. n’étant point habitués à cette volaille , sautèrent, dessus, et du premier bond en étranglèrent trois la mère et le coq, chose étrange, se mirent à défendre le reste, ce qui nous donna. le tems d'arriver. Dans nos basse-cours, nous ne voyons jamais les coqs défendre leurs poules en pareil cas , et encore moins se mêlent ils des poussins j cela viendroit-il de ce que le mien n’âyant qu’une femelle,, il devoit y être naturellement plus attaché , et que , par la même raison , n’ayant jamais vu un autre coq caresser sa compagne , il dev-oit la chérir davantage et aimer beaucoup plus ses petits. Quoiqu’il en soit, nous voyons généralement tous les. oiseaux sauvages et qui n’ont qu’une femelle , la défendre opiniâtrement , et prendre le plus grand intérêt, à leurs petits ; tandis que dans l’état de domesticité , où nous laissons plusieurs femelles en commun aussi à plusieurs coqs, ceux.ci ne montrent pas le même attachement aux femelles et encore moins aux petits qu’elles ont produits. Le coq , dans l’état sauvage, auroit-il plusieurs femelles f c’est ce que nous ignorons ; Sonnerat, à. qui l ’histoire naturelle doit beaucoup, a rapporté des Indes , un coq et une- poule sau v a g e sq u ’il croit être l ’espèce primitive de ceux que nous , possédons dans l ’état de domesticité. Mais il ne nous apprend riens •sur les moeurs de cet oiseau. Je n’ai point trouve en Afrique 1 espèce ni même le genre de nos coqs, du moins dans 1 état de nature. J ’ai vu dans plusieurs cabinets de l’Europe , des coqs et poules sauvages, absolument différens de celui qu’a rapporté Sonnerat, •ét qui sont des espèces particulières. J ’en donnerai les portraits dans mon ornithologie. Un de mes premiers soins fut d’aller visiter la peau de ma giraffe. Elle m’avoit coûté trop de peines pour que-je ne fusse pas jaloux d.e la conserver. Exposée depuis six mois sur un échafaud, j ’ayois à .craindre qu’elle ne fût endommagée. Je n’en approchai qu’eri tremblant ; mais à mon inquiétude succéda bientôt la jo ie , quand je la vis entièrement desséchée et dans un état d’intégrité et de conservation parfaites. . - . , Peut-être eût-il été dans l’ordre de visiter, le troupeau avant la giraffe ; puisque c’étoit là vraiment l’objet intéressant pour moi. Cependant, je ne m’en occupai qu’en seconde instance. Il paissoit dans les environs, et les pâturages étoient superbes. Quelques chèvres avoient mis bas ; mais tous mes anciens boeufs étoient morts successivement, à l ’exception de cinq ,' qu i, sans être malades , lan- guissoient néanmoins encore. Malgré tous les soins que Swanepoel s’étoit donnés pour m’eu acheter d’autres, il n’avoit pu s’en procurer que dix-sept, avec trois taureaux; et heureusement ceux-ci étoient en bon état. Ces différentes inspections m*ayoient fait appercevoir, parmi les gens attachés à mon service, une trentaine de visages nouveaux. Je vis de même, à peu de distance du camp, un certain nombre de huttes étrangères ; et je demandai l ’explication de tout cela. On me répondit qu’une partie des nouveaux venus étoient des Sauvages des Hordes voisines, envoyés pour demander du tabac. Quant aux huttes, elles avoient été construites par d’autres Sauvages , qui , pour être défendus avec sûreté contre les Boschjesman, étoient venus s’établir sous la protection de Swanepoel, et avoient élevé un petit kraal à côté du camp. Ainsi, dans l ’enfance des nations, se sont formées les villes. L i a
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