si jamais les circonstances me permettent, de reprendre le projet qu’il m’a été si douloureux d’interrompre , ils seront les seuls que j ’y associerai, et les seuls yers qui je dirigerai soudain ma route. Le plaisir que je sens encore à parler d’eux doit faire juger de la peine que j’eus à les quitter. Pendant le reste du jour, j’éprouyai du vide et de l’ennui. Il sembloit qu’il me manquoit quelque cliose ; et mon déplaisir augmentait encore, par le plaisir que leur départ excitoit entre plusieurs de mes Hottentots. Ils triomphoient, comme s’ils eussent gagné leur procès contre moi. Par l’eloignement des Houzouânas, ils croyoient me rédevenir plus nécessaires. La nuit tempéra un peu cette allégresse insolente. Vers la chute du jour , nous apperçûmes des feux, à deux ou trois lieues de nous , sur notre droite ; et alors le ton d’assurance baissa tout a coup, et les transes recommencèrent. Probablement c’etoient des signaux de reconnoissance, que faisoient à leurs camarades ces Houzouanas qui yenoient de me quitter. Mais la seule apparence, d Houzouanas suffisoit pour ramener la terreur dans ma troupe. Elle ne douta point que ce ne fut une horde nouvelle, par laquelle nous allions être bientôt attaqués. En conséquence , tout le monde passa la nuit à veiller, à s’inquiéter , à se tourmenter de conjectures sinistres. Moi, de mon côté, pour les punir de leur jactance, je les laissai dans leur erreur. J ’affectai même d’être de leur avis sur les feux; et tandis qu’ils se livroient aux alarmes, j ’allai dans ma tente reposer et dormir tranquillement. Cette nuit d’inquiétudes ne fit qu’accroître l’impatience qu’ils avoient de retourner chez eux. Si je les en eusse cru , je me se- rois, dès le lendemain , mis en marche, par le chemin le plus court , vers mon camp de l ’Orange. Mais il me souvenoit,encore des journées agréables que j ’avois passées ci-devant dans les parties supérieures de la Riv iè re , et je n’a vois garde d’abandonner sitôt les bords d’un fleuve qui m’avoit fourni tant d’oiseaux pour ma collection , et qui , par ses pâturages et ses eaux , pouvoit seul rétablir mes boeufs des fatigues extrêmes qu’ils venoient d’essuyer. Je résolus donc de le parcourir pendant un certain teins; et dès le premier jour, j ’employai six heures à le suivre, dans la direction de son cours et de toutes ses sinuosités. Cette première journée me procura plusieurs espèces nouvelles d’oiseaux, et spécialement une variété de touracos, différente de celle que j ’avois vue dans. le pays d’Auteniquoi. Il en fut de meme des journées suivantes. Toutes devinrent pour moi des moyens de plaisirs , d’acquisitions et de découvertes. Dans l ’une de mes chasses je tuai un monstrueux sanglier, absolument différent de toutes les espèces de cochons connues. Celui- ci , au lieu d’avoir le museau pointu et en forme de trompe , 1 a , au contraire, très-large et terminé carrément ; il a de petits yeux, peu séparés l ’un de l’autre , et placés à fleur de tête presque sur le haut du front. De chaque côté, sur la joue, s’eleve horisontalement une peau cartilagineuse et fort épaisse, dont la longueur et la largeur est de trois pouces. Au premier abord on est tente de prendre ces excroissances pour les oreilles de l ’animal , d autant plus que celles-ci, appliquées contre le cou , qui est très-court, se trouvent encore cachées, en partie, par une énorme crinière, dont les soies, rousses , brunes et grisâtres ont jusqu à seize pouces de longueur sur les épaules. Directement au-dessous de ces fausses, oreilles se remarque encore de chaque côté une protubérance osseuse , saillante de plus d’un pouce, qui servent à l ’animal pour frapper de droite et de gauche ; il a en outre, quatre défenses , de la nature de l’ivoire, dont deux à chaque mâchoire ; les supérieures , longues de sept à huit pouces, sont fort épaisses, à leur naissance , et terminées en pointe obtuse ; elles sont cannelées et se relèvent en l’air tout en sortant des lèvres ; celles de lamachoire inférieure sont beaucoup plus petites et tellement appliquées-contre les. grandes , quand la bouche est fermée, qu’on les prendroït alors pour n’être ensemble qu’ün seul et même boutoir. La tête de ce sanglier- présente un objet vraiment hideux A voir ; au premier eoup-d’oeil onlut trouve des rapports et des ressemblances frappantes avec ceflft de l’hippopotame, qui n’est guère moins hideuse. Le* mithodis^
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