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d’hommes, toutes fraîches. Elles ooraduisoient à des roches que nous escaladâmes, et sur lesquelles nous- trouvâmes des cendres chaudes et quelques restes de charbons encore brulans. Il étoit évident que c’étoit-là que, pendant la nuit, avoient été allumés les feux ; et les vestiges qui en subsistaient nous annonçaient que la contrée étoit habitée et que ce que nous cherchions n’étoit pas loin. Malgré tout oe que jusqu’alors nous avions mis de précautions dans notre route ÿ une pareille découverte nous fit néànmoin s redoubler encore d’attentions. Enfin, après quelque tems de marche 4 nous arrivâmes à un ruisseau qui déboiiqwxit d’une gorge étroite. Sur ses bordspaiss aient quelques vaches ; et à quatre cents pas plus loin , vers &e : débouquement a étoit bâti un certain nombre de huttes : c’étoit un campement d’Houzouânas. Dans le moment, il n’y avoit «n-dehors ’que des femmes, qui , à notre vu e , poussèrent un cri d’alarme. Maï's au 'signal les hommes sortirent des huttes , armés d’areset de flèchesytet toute la troupe; s’enfonçant dans la gOrge, alla se oantonner sur un tertre, d’o ù , avec assurancè, 'elle observa notre conduite, pour se décider sur celle qu’elle avoit à tenir. Eloigné comme Je l ’étais ; il n’y avoit nul espoir de me faire entendre ; et d’ailleurs, que dire à des gens dont je ne savois pas la langue. Je pris donc le parti d’en employer une qu’ils pouvoient comprendre ; et je leur fis, ainsi que ma petite troupe , tous les signes d’amitié que les Circonstances du moment nous suggérèrent. Mais ce langage étoit entièrement nouveau pour eux. Ils ne l ’entendirent point, et je me vis réduit à mettre en usage le seul qui fût à leur portée, celui des présens. Alors je m’avançai vers leurs huttes , que je trouvai toutes vides, à l ’exception d’une seule dans laquelle étoit resté un petit chien. A l’entrée d’une autre, il y avoit un tas de roseaux et quelques os aiguisés, destinés, sans doute, à faire des flèches. Ainsi, qu’on attire un animal domestique par l ’appas de quelque friandise, je déposai, auprès du tas, du tabac et des verroteries; après quoi, je revins à mon premier poste. Pendant cette opération, ils s’étoient éloignés encore davantage. Mais quand je fus retiré, ils se rapprochèrent, et vinrent ramasser le présent que j ’avois laissé. L ’attention avec, laquelle ils l ’examinèrent, la joie qu'il parut leur causer, me firent croire que, d’après ces préliminaires d’amitié, je pourrois m’aboucher avec eux. Je m’ avançai de nouveau, suivi de ma troupe; mais ils se retirèrent une seconde fois. A la vérité, ils s’éloignèrent beaucoup moins que la première. Je remarquai même qu’ils sembloient discuter entre eux:, et je me flattai que peut-être ils ne tarderoient pas à entrer en conférence. Je crus donc qu’il falloit 'en finir. Je pris un nouveau présent de tabac et de verroteries, et le leur faisant appercevoir, je m’avançai seul vers eux. Ce moyen de négociation réussit. Un homme se détacha de la bande, et s’approcha de moi, à la distance de cent pas, pour me demander qui j’étois et ce que je voulois? J ’atois remarqué avec surprise que cet homme étoit noir, tandis que tout le resté de la horde , hommes et femmes, l’étoit beaucoup moins, que les Hottentots mêmes. Mais ce qui m’étoiina bien davantage, ce fiit. de l’entendre me questionner en hottentot. Je répondis, dans la. même langue, que j ’étois un voyageur qui avoit voulu connaître la contrée qu’il habitait, et que je désirois, s’il étoit possible , d’y trouver des amis. Alors il vint à moi. Mes quatre camarades s’approchèrent également , et ils ne furent pas. moins étonnés que moi de voir un homme de leur nation. Ils entamèrent conversation avec lu i , l ’assurèrent de la vérité de ce que je lui avois d it , et gagnèrent tellement sa confiance qu’à l ’instant il engagea, par un signe, ses. camarades à s’approcher. Les femmes, pins méfiantes ou plus circonspectes, restèrent groupées auprès des huttes, en attendant le résultat de la conférence et en nous lorgnant avec curiosité. Mais les hommes, accoururent tous. Je distribuai entre eux le tabac et les verroteries que je leur avois montrés ; et ces loups qu’on s’étoit plu à me peindre si féroces, ne furent plus pour moi que des moutons. B b a


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