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et à vingt pieds sous l’eau ; on distinguoit parfaitement sa carcasse ; et la mer étant tout-à-fait tranquille , mes plongeurs pouvoient travailler sans beaucoup de peine. D’ailleurs , ils y mirent beaucoup d’ardeur ; ils ne passoiént guère de tems sans retirer quelques pièces,qu’ils venoient m’apporter aussi- x tôt, et que je déposai avec une grande joie sur le rivage. Mais cette foible capture ne les satisfaisoit pas. L’opération étoit, en effet, très-difficile, ainsi que l’avoient éprouvé les colons ; et avant d’arra- clier une pièce, souvent ils se voy oient obligés de venir plusieurs fois respirer à la surface de l’eau. A la vérité, il y avoit au fond du bâtiment plusieurs caisses entières ; mais elles étoient trop lourdes pour qu’un seul d’entre eux pût les soulever. Cependant ils eûssent été satisfaits de m’en apporter une : pour y réussir, ils imaginèrent de plonger deux à la fois , en se tenant par la main ; de travailler ensemble sur une même caisse, et de la soulever d’un commun effort chacun de son côté. La manoeuvre réussit- Ils en enlevèrent une et vinrent la déposer sur le rivage. Enchanté de mon trésor, et très-empressé de conrioître ce qu’il con- tenoit, je le fis ouvrir. J’y trouvai, à ma grande satisfaction, de très-jolies assiettes, des plats de toutes grandeurs et bien assortis. D’autres plongeurs m’apportèrent des tasses, des jattes magnifiques, aussi précieuses par leurs formes agréables que par leur capacite. Mais leur séjour sous l’eau les avoit altérées, et la partie blanche se trou- voit comme jaspée d’une teinte verdâtre. Un autre inconvénient, pire encore que celui-ci, c’est que la même cause leur avoit fait contracter une odeur de marée, si nauséabonde et si fétide, que ceux de mes gens qui avoient ouvert la caisse ou travaillé à la vider, furent, ainsi que moi, attaqués de vomissement. Ce résultat m’ôta l’envie d’avoir une caisse nouvelle. D’ailleurs, la nuit approchoit. Ainsi, après avoir fait laver ma porcelaine , chacun de mes gens prit son fardeau, et nous revînmes. Je. me flattois que cette odeur étrangère n’existoit qu’à sa superficie.. Aussi, à peine arrivé à la ferme, mon premier soin fut-il de l’essayer, eri faisant pendant quelque tems tremper plusieurs pièces daiis de l ’e a u bouillante mêlée de cendres. Après cette épreuve, j ’essuyai la vaisselle ainsi lessivée ; et mis du thé dans une tasse , des alimens sur une assiqtte, du lait dans une jatte. Mais ils y contractèrent tout, à coup un goût detestable ,. une saveur stercorale qui me fit croire que,mon travail alloit me devenir inutile. En vain mous tentâmes différens autres moyens pour,en tirer parti, en détruisant son odeur et son goût rien ne put réussir, et je n’y songeai plus, xi* ; Déjà,. dans mon dépit, j ’avois oublié le lait de ma jatte, quand ; deux heures après, m’étant avisé d’y regarder , je fus fort surpris de je voir tourné ; il étoit à présumer que toutes auraient la même faculté. J’en éprouvai deux1 autres , et ma montre en main, j’examinai combien il fàl’loit de tems pour qu’elles produisissent le memô effet.-En quatorze minutes le lait fut caillé ; mais ce qui étoit à remarquer , c’est qu’il n’avoit point de mauvais goût. Ce fait fut pour moi un trait de lumière. Il m-’annonçoit que dans ma route, je pouvois promptement et à ma volonté , avoir des fromages frais ; et la découverte m’étoit trop importante pour n’en pas profiter. Pendant mon premier voyage',, un heureux hasard du meme genre m avoit donne du .beurre , en changeant le lait en cette substance par les seuls cahots de la voiture. Avec mes vaches et mes ehèvres, j’allois dorénavant avoir sans peine du beurre, du fromage, du petit-lait. J'epris donc quatre jattes, que j’emportai avec moi, et qui me'servirent pendant tôute ma route. Il est vrai qu’elles ne conservèrent pas toujours leur vertu dans toute sa force ; au bout de quatre à cinq mois, elle parut s’affoiblir,. et le lait alors se cailla plus lentement. Il y eût même , suivant les degrés de température,. des circonstances où l’effet ne s’opéra qu’en cinq ou-six heures, mais il eût lieu constamment, et ne cessa entièrement qu’au bout de six à sept mois; cependant les Vases gardèrent toujours leur mauvais goût de marée. Avant de quitter le Cap, j’avois préparé, pour ma famille, plusieurs lettres dans lesquelles je la prévenois de mes. projets , et lui rendoia compte de mon second voyage et des moyens que j ’avois imaginés


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