par l’action immédiate d’un corps, et un autre effet opéré sans aucun contact apparent, sans aucun intermédiaire visible, tel que celui du serpent sur dés animaux. Mais qui osera décider que le reptile, en présence de sa proie, n’agit pas physiquement sur elle ? Peut-être la propriété mortelle dont il s’agit, n’appartient- elle qu’à quelques espèces particulières de serpens. Peut-être n’en jouissent-ils même que dans certaines saisons ou dans certains pays. Les anciens ont écrit que le basilic tuoit par son seul regard. Assurément c’est une fable ; mais il n’est point de, fable quelque absurde qu’elle soit, qui, dans son origine, n’ait eu pour base une vérité. Sans doute, dans des teins reculés, on aura eu lieu d’observer-quelques faits pareils à ceux, de ma pie-grièche et de ma souris, ou peut-être même du genre de celui du capitaine. On en aura conclu qu’un serpent inattaquable, et toujours vainqueur, puisqu il lui suffit de regarder pour donner la mort, ne pou voit être que le roi de son espèce. En conséquence de sa royauté, on l’aura nommé basilic} et comme il faut qu’un souverain 1 ait quelque signe, particulien qui atteste sa prééminence, les poëtes, qui exagèrent la nature souvent même en voulant la rendre plus belle, n’ont pas manqué de donner à celui-ci des ailes., des pieds, une couronne. Cette digression, dont l’objet peut-être eût échappé à ma mémoire , mëritoit bien de trouver sa place dans mon livre, et quoiqu’elle en interrompe, en quelque sorte, la scène dramatique, je n’ai pu résister au besoin de la rendre dans l’ordre où elle s’est offerte à mon esprit. Au reste, quelque nom qu’on donne à cet ouvrage, y àjjpflrEÊ peu qu’il y règne une méthode scholas-tique , et ce n est- pas l’art ici que je professe, c’est la vérité, la clarté; je cause avec mes amis, et ne surs point du tout sur les tretaux littéraires. J’étois parvenu, comme on-vient de le vpir, a déterminer mon ami à partir avec moi ; un accident imprévu vint hâter notre résolution : on avoit apporté au Cap la nouvelle qu’un vaisseau françois dont l’équipage s’étoit révolté , avoit relâché dans la baie de Sal- danha. Cette nouvelle regardoit particulièrement Percheron en sa qualité de commissaire de la marine. Obligé, par sa place, de se E N A F U I Q Ü E . , 45 rendre à la baie pour y constater le délit et remédier au mal, s il étoit possible, il sût que nous allions faire à peu près sa route; et en conséquence il demanda à Boers une place dans sa voiture, et fût de la partie. Un officier au régiment de Pondichéry, nomme T.arrW, fût notre quatrième ; et nous partîmes sur un chariot de chasse attelé de six chevaux. | . . / - Cette première incursion demandoit à peine une petite journ.ee, et sembloit ne devoir nous retenir que le tems de se montrer aux révoltés : semblables à ces tempêtes que précèdent toujours des signes fâcheux, non-seulement nous ne pûmes joindre ce jour-làlabaie de Saldanha, mais nous eûmes à gémir en route sur le sort de ceux qui nous accompagnoient. Le Sout-Rivier (rivière salée), qu’il falloit traverser à quelque distance de la ville, avoit sur ses bords beaucoup de cormorans. L’envie nous prit d’en tuer quelques-uns , et nous fîmes arrêter . Mais quand nous fûmes remontés en voiture, un Nègre qui étoit assis der, rière et qui ne s’attendoit pas au mouvement qu’elle fit en partant, ayant été jetté à bas par la secousse, tomba rudement et se cassa une j a m b e . C’étoit un excellent, serviteur , que Boers aimoit beauqoup. Il fallut alors quitter la route et gagner l’habitation la plus voisine, pour y déposer le malheureux blessé. On lui construis« un brancard et nous le fîmes transporter àla ville. Mais cet accident nous ayant pris quelques heures, et Boers voulant regagner le tems perdu , son cocher mit les chevaux au grand galop , et nous mena ventre il terre. - ' Nous avions avec nous quelques chiens. Un d’eux , tres-échauffé par cette course rapide, sentit à l’odorat un ruisseau qui étoit à quelque distance; et il courut en avant, pour s’y baigner et se rafraîchir. J’ai déjà remarqué dans mon premier voyage , qu’en Afrique tout chien qui en parëille circonstance se plonge dans l’eau, y meurt presque toujours , si vous ne vous trouvez assez près de lui pour 1 eu retirer à l’instant même. Celui-ci, quand nous arrivâmes , avoit déjà payé le fatal tribut. Au reste , les faits de ce genre sont si/fré- quens dans lés colonies qu’on les regarde comme incontestables ;
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