Page 32

27f 82-1

dans Paris, «ne sorte de fripiers, qui font ce genre de ooifinieroé J et qui, par les profits et l’usure avec lesquels ils s’y livrent, ont été' nommés Capse-Smouse, Juifs du Gap. Ces boutiquiers trouvent le lüoyen de vendre fort cher leurs marchandises; mais elles varient de prix selon que les magasins sont plus ou moins abondans ; il s’ten suit qu’elles h’ont jamais une valeur fixé, et que le- colon qui arrive du désert et qui , sur ses aehâts, ne peut avoir de don-, nées certaines , est nécessairement toujours dupe. D’un autre côté, le marchand qui connoît la probité de ces cultivateurs et leur exactitude à payer leurs, dettes , fait tous ses e fforts pour entamer uit 'compté'àvèe^eux ; il cherché à lés tenter:par; le prétteiidti bon hiarché et' la qualité: "de l’étoffe qu’il leur étale ,, et offre* de remettre lé paiement au voyage, de l’année suivante.. Il est rare que des gens simples et sans expérience soupçonnent la ruse qtd se présente à eux sous une apparence trompeuse de politesse et de fraternité; S’ils cèdent, les voilà'enlacés pour leur vie.. A leur retour, on engage avec eux un marché nouveau, payable à même terme; et c’èst ainsi que d’année en année, toujours, debi-. teurs , et toujours achetant sans s’acquitter jamais, ils deviennent la proie d’un usurier qui a fondé sa fortune- sur leur sottise. Il est vrai que ces niais acheteurs, après avoir été dupes au Cap , në'reviennent ordinairement chez eux-que pour faire d’autres du« pes. Ce qu’on a employéi d’adresse à les tromper , ils l’emploient à leur tour pour tenter les. Hottentots qui sont à leur service-. Les coupons d’étoffes ou les vêtemens de friperie qu’ils rapportent, ils les revendent à-ces malheureux serviteurs, mais avec un tel profit, qu’ordinairement les gages d’une année ne suffisent point: pouip s’acquitter , et qu’ils se trouvent , comme leurs maîtres, endettés par anticipation, pour l’année, suivante. Ainsi, efi dernier résuk ta t, c’est le pauvre Hottentot qui paie l’usurier du Gaip. Au reste, sa duperie est en petit l’image de ce qui se passe ici-bas daiis toutes les conditions. Par-tout, le irîpon adroit sait se procurer un tribut sur les sots; et ce tribut, chacun dé-ceux-ei, après l ’avoir-payé-, cherche à le rejeter sur un autre ; de sorte qu’à la fxrt t ’est sur le plus sot qu’il retombe ; c’est ainsi que les hommes s’enchaînent par les moyens même qui dévroiént les désunir. On croiroit qu’en se livrant à la culture de la terre, lës colons de la classe dont je parle auroient du s’appliquer à celle des plantes potagères ,..des légumes et des fruits. L’entreprise étoit pour eux d’autant plus facile qu’ayant acquis gratuitement un vaste terrain , ils pouvoient en destiner une partie à se donner des potagers et des jardins. Cependant je n’ai vu de potagers dans l’intériènr que dans le pays d’Auteniquoi. Par-tout ailleurs le jardinage est inconnu ; et si , dans quelques habitations, vous trouvez un arbre fruitier ou ne l’y élève que comme une chose rare et curieuse. L’habitude a rendu les colons insensibles au défaut de fruits et de légumes. La facilité qu’ils ont d’élever des bestiaux supplée chez eux à cette privation , parce que leurs troupeaux leur donnent pour les repas beaucoup de viande. C’est de viande, et de mouton surtout , qu’ils se nourrissent ; et chez eux la table en est chargée avec une telle profusion que l’aspect en devient dégoûtant. De cette manière de vivre, il résulte que les bestiaux ne sont pas seulement, dans les colonies, comme par-tout ailleurs, un objet utile, mais un besoin de nécessité première. Aussi un colon ne s’en rapporte-t-il qu’à lui-même du soin de surveiller les siens. Tous les soirs, quand le troupeau rentre, il ne manque jamais de venir sur sa porte, un bâton à la main, et de compter toutes les bêtes, pour s’assurer qu’il ne lui en manque aucune. . Des gens qui n’ont d’autre occupation que certains travaux d’agriculture et une surveillance de troupeaux, doivent avoir de longs intervalles d’oisiveté. Or, c’est ce qu’éprouvent lés colons, et spécialement ceux d’entre eux qui habitent fort avant dans l’in, térieur des terres, et qui., à ‘raison de leur grand éloignement, fie pouvant commercer de leurs grains avec le Cap, n’en cultivent que ce qui est nécessaire à leur consommation. A voir l ’inaction profonde dans laquelle ils vivent, on diroit que pour eux le bonheur suprême consiste à ne rien faire. Quelquefois cependant


27f 82-1
To see the actual publication please follow the link above