Oehs. La plaine;, outre les trois efpèces de Perdrix que j’ai fait connoître plus haut, en, offroit une quatrième nommée Faifan rouge, parce qu’elle a les pieds & la peau nue de la gorge , de cette couleur ; en bêtes carnaffières , il y avoit des Hiennes,, quelques. Tigres, biais pas un feul Lion. Le ciel s’épijroit de plus en plus & fembioit nous préfager une vte aûffi douce qu’elle avoit été trifte & cruelle. La colline de Pampoen-Kraal, où je venois de placer mon camp , me plaifoit beaucoup. J’avois , non loin de nia tente , une petite éminence couronnée par un buifîon de trente à trente-cinq pieds de diamètre. Les arbres & les arbuftes dont il étoit formé ,■ avoient en croiffant, tellement entrelacé leurs branches ,' que le tout ne paroiffoit offrit qu’un feul corps bien épais & bien garni. J’imaginai de m’en faire un petit Palais. Je fis tracer une route jufqu’au centre. On élagua de côté & d’autre, à la hauteur d’un homme , fuffifamment pour donner un paffàge facile ; dans le milieu de ce fourré, à force de travail & de haches , nous parvînmes à tailler deux. charmantes pièces d’un quarré parfait. Je fis placer, dans l’une , ma table avec- line chaife; c’étoit mon cabinet de travail ; j’ornai la féconde des uftenfrles de ma cuiline; ce qui n'empêcha pas quelle me fervît en même temps de falle à manger. Ces deux pièces , naturellement plafonnées par des branches & des feuillages d’une épaiffeur impér nétrable , étoient pour moi un abri charmant , d’une fraîcheur délicieiife , lorfque tout haraffé, couvert de lueur & de pouflîère, après ma chaffe du matin , j’y venois me dérober à la chaleur du jour , & aux atteintes dévorantes du Soleil. Quand la fatigue avoit aiguifé mon appétit, quels repas exquis ! Quand la rêverie s’em- paroit de mes fens, quelles tendres méditations! Quand le fom- meil venoit m’y furprendre , quel repos voluptueux & doux ! Grottes fomptueufes de nosi financiers , jardins Anglois bouleverfés vingt fois avec l’or du citoyen , pourquoi vos ruiffeaux , vos cafcades & vos montagnes, & vos jolis chemins tortueux, & yos ponts détruits, & vos ruines, 8c vos marbres, 8c toutes vos • belles inventions viennent-ils flétrir l’ame 8c fatiguer les yeux quand on a connu la falle verte 8t toute naturelle de Pampoen-Kraalî
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