de ces cantons puiilènt fe rendre au Cap. Le haut de cette montagne offre un point de vue merveilleux. Le même coup-d’oeil embraffe toutes les habitations éparfes dans un vafte baffin cir- confcrit par la chaîne des autres monts & par la mer. Nous fumes obligés de dételer nos Boeufs pour leur laiffer reprendre haleine & leur donner quelques heures de repos. Inquiet fur la defcente & voulant m’éclaircir fur les moyens les plus faciles de regagner la plaine, je profitai de ce court intervalle pour aller moi-même reconnoître les lieux ; je me tranquillifai lorfque j’eus aperçu que la montagne s’abaiffant à fon revers par une pente inlenfible & douce , nous conduiroit fans danger dans un Pays charmant. Je rejoignis bientôt ma caravane & nous reprîmes la marche. Le chemin étoit effeélivement commode pour nos voitures & facile à rouler. Nous defcendîmes avec autant de plaifir & de tranquillité que nous avions eu de peine & d’inquiétude de l’autre çôté. Comme les animaux féroces ne fe montrent que rarement dans ces cantons , n’ayant rien à redouter & nulles précautions à prendre , nous pouffâmes la marche jufqu’à dix heures du foir , & nous arrivâmes fur les bords de la rivière Palmii, ainfi nommée par les Hollandois à caufe de la quantité de rofçaux qui garniffent fes bords. A notre réveil nous cherchâmes en vain nos Boeufs près de nous ; ils avoient tous difparu. N’étant point encore habitués à fe coucher le long de nos voitures, pendant la nuit, ils s’étoient difperfés de côtés & d’autres. Mes gens fe mirent en quête ; il fallut beaucoup de temps pçur les raffembler ; nous ne nous trouvâmes en état de partir qu’à neuf heures du matin ; j’allois paffer vers onze heures à cinquante pas d’une habitation qui fe préfen- toit devant moi , lorfque le maître de la maifon qui, fans doute, épioit ma caravane , vînt à ma rencontre ; du plus loin qu’il m’aperçut, il fe fit reconnoître, C’étoit le même qui m’avait vendu au Cap mon Chariot-Maître & les cinq paires de Boeufs qui le tiroient ; je ne pus me difpenfer de faire halte , & fus même obligé d’accepter fon dîner qu’il m’offrit avec des inftances réitérées & preffaptes. Je me rendis honnêtement, lors fur-tout qu'il E N A F R I Q U E , m’avoua qu’ayant appris au Cap le jour de mon départ & la route que je comptois prendre , il en étoit parti pour gagner les devants avec les fiens & fe préparer à me recevoir dans fon habitation. Je fis dételer à l’endroit même où il m’avoit rencontré , & nous rendant enfemble chez lu i. j’y fus reçu avec beaucoup de grâces par fa femme & deux jolies demoifelles qui compofoient toute fa famille. Le temps que nous mimes a vifiter fon Domaine nous conduifit jufqu’à l’heure du diner, pendant Lequel on ne manqua pas de me faire l’éloge du chariot qu’on m’avoit vendu. Il fallut effuyer tout au long l’hiftoire & le récit des bonnes qualités de chacun des individus qui compofoient l’attelage. On ne me tro.mpoit pas en effet. J’ai reconnu depuis & je dois convenir , en l’honneur de M. Smit, que ces Boeufs ont toujours été les meilleurs de tous ceux que j’ai employés par la fuite , & du fervice le plus sûr ; quç , dans mes courfes extraordinaires & les pas les plus dangereux , fon chariot, conftruit {blidement, a réfifté jufiqua la fin. Malgré les prières de cette bonne famille qui m’engageoit à paffer la nuit chez elle, je partis après le dîner. A quelques heures de là , nous traverfâmes la rivière le B o t, & tout le canton nommé Ouwe-Boeck. Je voulois regagner le temps que le dîner m’avoit fait perdre ; il étoit onze heures de nu it, lorfque nous arrêtâmes à côté d’une .petite mare d’eau. Le foleil étoit à peine levé qùe déjà nous étions en route ; nous longeâmes, dans la matinée, l’habitation de François Bathenos; il m’envoya un pain que je lui ayois fait demander & dont je lui offris en vain le prix ; il me faifcit prier de defeendre chez lui ; je m’en difpenfai, ne me fouciant, en aucune manière , de paffer & de perdre mon temps dans des habitations. Je rencontrois à tout moment, dans cette contrée , des troupes prodigieufes de l’elpèce de Gazelle que les Colons nomment Reebock ; elle eft encore très peu connue ; M. Sparmann n’a fait qlie la citer , & le nom de cet animal , dans la traduélion françoife de fon Ouvrage , eft mal rendu ; car Reebock ne lignifia jamais bouc rouge, mais bouc de plage.
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