joui plufieurs fois du plaifir d’en voir le commencement & les progrès. Le vent s’annonce d’abord très-foiblement, chariant avec lenteur une efpèce de brouillard qu’il femble détacher de là fuper- ficie de la mer. Ce brouillard s’amafle , £e preffe par l’obftacle que lui opp.ofe, dans fon chemin , la montagne de la Tablé du côté du Sud ; c’eft alors que, pour la franchir , il s’entaffe peu-à- peu, & que, roulant, fur lui-même , il s’élève avec effort jufqu’au fommet , & montre à la ville le petit nuage blanc qu’a déjà annoncé le vent qui fouffle depuis quelques heures , par les faCes de la Table dans la Rade & les environs. La durée ordinaire de cetfe efpèce d’orage eft de trois jours confécutifs ; quelquefois il continue fans relâche beaucoup plus long-temps ; fouvent auffi il ceife tout d’un coup ; l’atmofphère alors devient brûlant ; & , pendant les trois mois qu’il règne s’il lui arrive .de ceffer plufieurs fois de cette manière, c’eft un pro- noftic aflùré de beaucoup de maladies. Quoique ce vent ne foit pas abfolument dangereux pour les Navires, il n’eft pas fans exemple qu’il en ait incommodé plufieurs; quand il eft trop impétueux, par prudence & pour éviter jufqu’à la crainte d’un accident , ils gagnent la pleine mer ; mais, lorfqu’il ne charie point de brouillards avec lu i, il eft nul pour la Ville , & fouffle uniquement dans la Rade. Ce n’eft donc que l’amas des brouillards qui, venant à fe précipiter, occafionne-ces terribles ouragans. Souvent il eft prefqu’impoftible de traverfer les; rues ; & , malgré l’exaifitude & l’empreifement avec lefquels on ferme & portes & fénêtres & volets, la pouflière pénètre jufqu’aux armoires & aux malles. Tout incommode qu’il foit, ce vent procure cependant un grand bien à la Ville. Il la, purge des vapeurs méphitiques, occalionnées, par les immondices qui s’amafferit naturellement au bord de la mer, par celles que lès Habitàns y font jetter , & , plus que cela, par les débris enfanglantës que les bouchers de la Compagnie, qui ne font point ufage des pieds , des tètes', ni des inteftins des animaux qu’ils égorgent , jettent & laiffent aux portés des boucheries, où ils s’amaffent en tas , fe corrompent, empoifonnent l’air & les Habitans, & fomentent ces
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