304 V O Y A G E réponfe affirmative, ils jetèrent des cris de joie , comme f i , non content de l’efpoir que je leur avois donné d’aller les yifiter, ils n’avoient craint encore que je fuiïe confondu parmi leurs indignes perfécuteurs, & que, par un fentiment d’amour pour ma perfonne, ils enflent voulu me garantir de toute efpèce de méprife. Aprèsi les tabès d’ufage, je les accompagnai jufqu’à la rivière qu’ils traversèrent tous à la nage , ainfi que leurs Beftiaux ; & , lorfqu’ils eurent mis pied à terre à l’autre bord, je les faluai pour la dernière fois par une décharge générale de toute ma moufqueterie ; les ravines & les taillis dans lefquels ils s’enfoncèrent, les eurent bientôt dérobés à ma vue. J’ai tiré deux deflins de ces peuples qui fe prêtoient à mon opération avec autant d’étonnement que de complaifance; ce . font les N8‘ V 8c VI des Planches. Ces Caffres une fois partis, je m’étois flatté que mes gens feroient quelques réflexions fur la manière tranquille avec laquelle ils avoient vécu avec eux pendant mon féjour ; qu’ils reconnoîtroient combien leur frayeur étoit mal fondée, & qu’ils finiroient peut- être par confentir à m’accompagner. Pour ne point paroître m’occuper d’eux & de mon projet avec trop d’acharnement, & afin de les mettre ën état d’agir d’eux-mêmes, je réfolus de partir aufli fur le champ, pour aller rendre vifite au vénérable Haabas, parce qu’à mon retour, à la première ouverture qu’on me feroit de quelque changement, je léverois le piquet & me remettrois en marche, poür ne donner le temps à perfonne de fe refroidir. Pendant le féjour des Caffres, je n’avois vu qu’une feule fois deux Gonaqwois chez moi; il me tardoit de renouer connoiffance avec mes bons voifins, & dé les inftrùire de ce qui s’étoit paffé depuis notre: féparation. Je me rendis fieul à leur Kraal. Leur joie fut extrême quand ils m’eurent reconnu ; tous; s’emprefsèrent autour de moi ; ils s’appeloient. les uns les autres, aceouroient de tous les côtés; je fus bientôt entouré. Haabas me fit part de fes craintes &'de celles de la Horde, pendant le féjour des Caffres chez moi; il me demanda cent fois fi j’étois certain que fa retraite ne fût point connue d’eux ; je fis tous mes efforts pour le tranquillifer, & I Æ C A P P R E ,
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