Chez les Gonaquois & dont ils fe propofoient de faire, en route on bien avec nous, des échanges avantageux ; ils avoient encore quelques Vaches avec l'eUrs Veaux ; au moyen de quoi cette caravane portoit un air d’àifàhce'& de fomptuofité qu’on fe flatteroit vainement de rencontrer au fein des vallées lugubres de la Savoye. : Je marquai à quelque diftance de mon camp 1 endroit précis ou j'è VQulois qu’ils fe logeaffent ; & , plus heureux ou mieux obéi qu’Idoménéelorfqu’il bâtiffoit la ville de Salante, en un demi- qtfart d'heure , je vis s’élever, fous mes yeux, leur petite Colonie. ’ Les fëux furent allumés ; on coupa le Mouflon par morceaux ; il fut rôti; & bientôt il n’en refia plus que la peau; je n’ignorois pas combien, l’intérêt*êfl un agent puHTant pour faire mouvoir tous les hommes, combien fur-tout il les difpofe à la bienveillance; je fis , dans les circonftances où je me trouvois, 1 application de ce principe qui m’avoit plus d’une fois réufli; je voulois mat- tacher les Caffres comme j’avois fait les premiers Sauvages quë j’avois rencontrés , & fur-tout les Gonaquois ; je diftribuai donc a.- mes hôtes diverfes efpèces de quincailleries & du tabac. Ils reçurent mes préfens avec fatisfaélion ; & , fur le champ . chacun fe mit en devoir d’en faire ufage. Mais ce qui fixoit davantage leur imagination, & qu’ils m’au- roient efcamoté de bon coeur, c’étoit du fer. Ils le dévoroient des y e u x , le vantoient exceffivement & fembloient 1 eftimer par- deffus tout. Leurs regards étôient tombés fur des haches, dés pioches , de g'roffes tarrières, des outils de toute efpèce qui fe irou- voient à l’Arrière dé mes chariots ; ils les convoitoient avec une forte d’impatience ; il n’y a va it, pour ainfi dire, qu’à mettre la- main deffus ; j’étois fi bien fait déjà à la manière de traiter avec les Sauvages , & je les craignois fi peu , puifqu’il faut le dire , Àiêmé' quand je n’aurois point été fi puiffamment armé, que je leur aürois' volontiers abandonné ces objets; tnais avec tout ràfti- fail ' que je traînois à ma fuite, ils m’étoient devenus d’un ufage- tellement indifpenfable ,. qu’il m’eût été impoflible d’en faire fi généreufement le facrifice. Afin de leur ôter tous défirs , ou dw moins-d’en diminuer l’ardeur, puifqu’U n’étoit .plus temps -de leur dérober la connoiffance de ces Outils précieux, j’ordonfîâi qii’on les cachât avec foin ; d’après tout ce qué j’avois appris des embarras de ces Sauvages, relativement à leurs armes, il étoit en effet tfès-dangeureux d’exciter plus long-temps leur envie; elle pouvait leur, függéter des intentions''nuifibles; à mon-reposy '& le moyen téut fimple de s’en emparet'par la rufe s’ils;ne lë pàuvoient par la force. Tel efi: en général le caraélère du vrai SaUvagC;1'& telle efi la Nature : nul n’a le droit de retenir ce qui àppartïent-à tous, & la moindre inégalité feroit la fourcedes plus grands malheurs. Quiqotïque a lu« 1 e ^oyagt du, {Capitaine Çoôck ‘ditris’ tSM'm'èrs Su Sud ; adû rehiarquer-qué ce Marin & toutes léi-ptefToBneS de fon équipage ne mettoient jamais pied à terre, fan’s foire quelques pertes ; les Infulaires venoient les voler jufques fur leur vaiffeâfli; on enlevoit aux Chaffeurs leurs armes, aux Matelots'leurs ihàbiîû lemens , &c. Le Naturaliile For fier raconte du -Dofiteiïr SpâFmann, qu’après qu’on lui eût volé fon épée, il petdit encóridaris la lóente ■courfeles deux tiers de ¡fon habit; les Caffres'8fnlesJ Heffitéiitots ■ne font point encore parvenus à ce degré d’adrefle fináis ils ne font pas fur ce point exempts de tout reproche. Afin de '-bien Vivre avec eu x , il faut apprendre à devenir1 tolérant Tur'vèt article , ou ferrer foigneufêfflent. La preuve du befoin preffarit qu’àvôient lèS 'Gàffrés'de fë procurer du fe r , venoit de .fe.confirmer fous mes'ÿeux ; je me'repro- chois de les avoir fait avancer*-peut-être tin peu trop tôt ; & de n’avoir pas affez pris mes précautions ; cependant je les fuivois & lés faifois épier de fort près; nous ne voyions pas fans inquiétude , Klaas & moi, -par lia façon dont-ils1 feqrarloient entr’éüxy donf ils ■meteoient la longueur & l’épaiffeur des bandes1 qùi bordoiêht les jantes de mes roués , à quel point ce tréfor les'eût fatisfaits. Si ces'gens avoient fu lire & qu’on leur eût appris dans les listes pleins;de1 décence de nos femmes du bel air, qife le plus fimpte moyen de réfifter à la tentation; efi-d’y fuecomber,cette penfée unPpeu trop philofophique'in’eût point à coùpifui'été piife'pâr les Gaffres pour une plaifanterié, moins 'encore pôût'uhe ab&rdké'; &m a ruine éût3 été; complète, ^ovirr.1: iriojj éitpsdo e l ÜoHn N n ij
27f 81
To see the actual publication please follow the link above