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pour les beaux-arts et les monuments de l’antiquité. Sa fortune en souffrit. Il vint à Paris, en juillet 1817, dans le dessein de l’améliorer. Il crut que la peinture pouvait le conduire à l’aisance, et le genre d’Isabey fut celui qu’il adopta. Il s’essayait dans l’imitation périlleuse d’un grand modèle, lorsque son frère négociant à Alexandrie l’appela près de lui. Il s’y rendit avec toutes les illusions de l’espérance; elles se dissipèrent promptement; et, après une année de séjour ians résultat, il revint à Paris reprendre ses pinceaux. Quelques portraits faiblement payés, quelques articles de journaux moins lucratifs encore, étaient loin de suffire à son existence. Il s’inquiétait de son avenir lorsque son frère l’engagea à se rendre une seconde fois en Égypte. Il arriva au Caire le 12 février 1822. Pendant les premiers mois de son séjour, il s’occupa à dessiner quelques-uns des monuments de cette grande cité et des environs. Il soumit ses essais à M. Jumel, alors directeur d’une des filatures de coton du Pacha, qui s’engagea à lui fournir les fonds nécessaires pour explorer la Basse-Égypte. Il la parcourut depuis le mois de décembre 1822 jusqu’en avril 1828, époque à laquelle une disgrâce essuyée par M. Jumel lui enleva les moyens de soutenir cette entreprise scientifique. Sa mort, arrivée peu de mois après, renversa toutes les espérances de M. Pacho, et l’obligea à garder en portefeuille un grand nombre de dessins, plus ou moins curieux, de sites, de monuments et d’objets d’histoire naturelle. A côté de ces stériles richesses, il languissait inoccupé et sans appui dans la ville du Caire ; les soucis de l’inaction, si puissants sur les imaginations ardentes, altéraient sa santé; l’épuisement de ses forces amenait le découragement; il allait y succomber, lorsqu’il eut le bonheur de rencontrer dans M. Célestin Guyenet du canton de Neuchatel en Suisse, fondateur et directeur de la manufacture d’indiennes du vice-roi, un protecteur et un ami. M. Pacho en lui peignant sa position précaire, l’intéressa vivement à ses projets d’exploration; il obtint de ce négociant, ami des sciences, les fonds nécessaires pour continuer ses recherches et entreprendre le voyage des cinq Oasis. Parti du Caire le 17 novembre 1823, il visita successivement le Fayoum, les Oasis de Syouah, el Arachièh, et Faredghah. Il regretta que les circonstances ne lui permissent pas d’explorer trois villages isolés à quatre journées nord-ouest de Faredghah, qu’on lui annonçait comme devant renfermer de nombreuses ruines d’anciens édifices. Il revint de Faredghah à Syouah, à l’Oasis du Fayoum, au temple Keroum, puis se dirigea sur Béni-Hassan et Siout, et se rendit à Béni-Ali ou il resta treize jours pour obtenir d’Hamed Bey, l’ancien Kiahya du Caire, quelques Arabes destinés à lui servir de guides. Il visita avec eux la vallée Ruinée ou des ruines, l’Oasis d’El Karghèh, Gainah, Boulac, Dakakim, Berys et leurs environs. Il revint sur ses pas, puis se porta à l’ouest et atteignit l’Oasis de Dhakel, en passant par Aïn Amour, Ballat et Themida; il examina l’Ouadi El Gharb, qui contient ET LES OUVRAGES DE M. PACHO. iij neuf villages, et le Bahr Be-la-ma qui traverse l’Oasis. Il reprit la route du nord, qui le conduisit à Farafrah, puis à Siout, d’où il revint au Caire dans le courant d’août 1824* Cette exploration des Oasis de l’Égypte, résultat de neuf moisdepeines et de fatigues, ne satisfit point l’active curiosité de M. Pacho. Depuis long-temps un projet d’une tout autre importance occupait sa pensée. Pendant son premier voyage à l’Oasis d’Ammon, les Arabes Aoulad - Aly l’avaient souvent entretenu du Djebel-Akhdar, nom moderne de la Pentapole Cyrénaïque. Les descriptions qu’ils lui firent de leur ancien domaine, de ses vertes collines, de la fraîcheur de ses sources et des merveilles de ses ruines ravit son imagination, et fit naître chez lui le plus vif désir d’explorer cette terre riche de vieux souvenirs et presque inconnue- Il fit part de son projet à M. Henry Sait, consul général d’Angleterre, qui, tout en ne lui laissant ignorer aucun des dangers qui l’attendaient dans cette périlleuse excursion, lui remit le programme de la société de géographie, relatif à un voyage dans la Cyrénaïque. Ce programme, fruit de la proposition de M. Alex. Barbié du Bocage, éclairait une partie des recherches de M. Pacho, comme il le dit lui-même. Son influence sur sa détermination fut décisive. Il traçait déjà son itinéraire, lorsqu’il découvrit une difficulté de nature à modérer un peu les élans d’un premier enthousiasme. Il s’aperçut que le voyage serait fort cher et qu’il était sans argent. Ses démarches, pour s’en procurer, furent d’abord sans succès; il obtint des éloges et rien de plus. Son inquiétude était grande; elle fut heureusement de courte durée. M. Guyenet ne lui manqua pas, il fit tous les frais de l’entreprise avec ce désintéressement qui trouve plus d’approbateurs que d’imitateurs. Les consuls généraux de France et d’Angleterre, et même, ce qui est digne de remarque, celui des états Barbaresques, s’intéressèrent vivement au sort de ce voyage, et cherchèrent à en assurer le succès par des lettres de recommandation les plus pressantes. M. Müller, jeune orientaliste dont les connaissances dans la langue arabe avaient été déjà fort utiles à M. Pacho dans les Oasis, et qui le servirent mieux encore dans la Cyrénaïque, voulut partager les périls et l’honneur de cette nouvelle exploration. Elle se présentait avec un attrait d autant plus vif qu’elle avait en grande partie le caractère de la nouveauté. La Cyrénaïque n’avait pas encore été visitée dans son ensemble. Le Français Granger, sous la protection d’un chef de voleurs, avait pénétré jusqu’à Cyrène, et copié de nombreuses inscriptions antiques. Mais le récit de ses travaux avait disparu. Paul-Lucas et Bruce n’offrirent que des indications superficielles. Les notices recueillies et publiées par Della-Cella, se présentaient comme les premiers renseignements intéressants sur les monuments de l’ancienne Pentapole ; malheureusement le savant Italien ne les dessina pas, et ne soulevant qu’une partie du voile excita la curiosité sans la satisfaire entièrement. Le Père Pacifique avait ajouté peu de faits aux faits déjà connus. Le général


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