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je n’y trouve, à mon grand regret, qu’à glaner çà et là de stériles et ingrates notions. Selon quelques auteurs, une ville nommée Zoes ou Zoa aurait existé antérieurement à Cyrène, et dans le lieu même où celle-ci fut bâtie. Les uns ont prétendu que cette ville fut fondée par Battus, et nommée par la suite Gyrène (i) ; et les autres, que Battus n’en fut que le second fondateur (a). Mais plusieurs savants, entre autres Wesseling, Walckenaer, et notamment Thrige (3) , ont suffisamment combattu cette opinion, et prouvé qu’elle n’avait d’autre fondement qu’une erreur philologique, laissée dans l’édition d’Hérodote de Valla. Je ne me fatiguerai pas non plus inutilement à éclaircir quelle fut la véritable origine du nom de la ville de Cyrène. Je laisserai à d’autres le soin de déterminer si cette origine vient du mont ou' de la fontaine C y re , comme le dit Callimaque; si ce nom de Cyré est libyen ou grec, ce dont Mannert doute ; ou bien si Cyrène dut son nom à la fille du roi Hypsée ,; dont l’histoire, racontée primitivement par Pindare, fut expliquée ensuite de diverses manières par Diodore, Eustathe, Justin, Etienne, et devint surtout bien connue par les beaux vers de Virgile. Ce qui résulte d’m- contestable de ces traditions obscures et compliquées, c’est que la ville de Battus fut bâtie sur le sommet de la montagne , et auprès de la belle fontaine que j ’ai décrite; que cette fontaine fut par la suite consacrée à Apollon, et que la ville fut nommée Cyrène, n’importe à nous qu’elle ait pris ce nom de la montagne, de la source, ou de la fille du roi Hypsée. Il est aussi hors de doute qu e , si l’on en excepte Carthage, Cyrène dut être la ville la plus considérable de l’Afrique connue de l’antiquité : l’étendue de ses rues en est un témoignage encore marquant de nos jours. Strabon dit qu’elle était située sur une plaine élevée, unie comme une table , et à cent stades de la mer; ce qui permit au célèbre géographe de l’apercevoir de son vaisseau dans un trajet maritime. De tels renseignements servent à toutes les époques - le temps .n y peut rien changer, (,) F risch. in Annotât, açl. Callhn. Hymn. in Apoll. v. 88. (2) S chneid. ad. Pind. p. 184. --(3) Histor. Cyren. p. n 3. aussi les avons-nous trouvés exactement fidèles. Nous n’en pouvons dire autant des édifices qui ont fait surnommer Cyrène la Magnifique, la très-bien Bâtie, la Ville au trône d ’or fi). Cependant, quoique nous n’ayons vu à leur place que des débris clair-semés et d’informes agglomérations de pierres, le grand nombre de tombeaux encore debout et l’élégance de leur architecture portent à croire le chantre des Pythiques, d’autant plus que l’histoire a pris le soin de faire mention de plusieurs de ces édifices. Indépendamment des temples d’Apollon et de Bacchus dont j ’ai parlé, nous savons par Hérodote qu’à l’est de Cyrène s’élevait une colline consacrée à Jupiter Lycéen (2), et probablement couronnée d’un temple. Pausanias nomme celui de Jupiter Olympien, et Tacite, celui d’Esculape, dans l’un desquels les Cyrénéens renfermaient leur trésor (3). On peut citer encore ceux de Minerve, de R h ea , de Saturne, et enfin celui de Diane où l’on célébrait les fêtes Artémitià, instituées à Cyrène en l’honneur de cette déesse (4). Ces temples, dit Théophraste, étaient construits en bois de thyon (5); et quoiqu’il soit permis de n’appliquer les expressions du naturaliste grec qu’à la charpente seule, et non à la totalité des édifices, néanmoins cet usage s’explique suffisamment par les grandes forêts de cet arbre qui couvrent les montagnes de la Pentapole, et par le défaut de marbre et d’autres matériaux précieux qui leur sont étrangers. En outre, cette importante tradition ajoute une nouvelle raison à celles que j ’ai données relativement à la complète destruction des édifices de l’Autonomie. Si l’on se rappelle les fréquents incendies causés par les Barbares qui envahirent dans les quatrième et cinquième siècles les différents cantons de la Cyrénaïque septentrionale, et dont Synésius a tracé (1) P ind a re , Pyth. V. (2) Hérod. 1. IV , 2o3. (3) Dans celui de Jupiter Olympien, selon Pausanias ( 1. VI, c. 19); ou dans celui d’Esculape, selon Tacite. T h r ig e , Hist. Cyren., p. 218. (4) T h r ig e , Hist. Cyren., p. 218. (51 Theophr. Hist. plant. 1. V, c. 5. i. 3 i


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