III ' O B S E R V A T IO N S HISTOIRE E T OBSERVATION DE l ’ e ü NDQUE MARGAL Aujourd’hui, lundi 8 juillet 1861, je me rends chez le reïs T..., qui a un eunuque malade. On me présente le petit Margal. Il paraît quê son maître l’a acheté il y a six mois ; il lui a coûté, nous dit ce dernier, de quatre à cinq bourses. La bourse vaut cent francs. Il ne veut pas dire le prix exact, suivant l ’habitude des Turcs. Les esclaves eunuques de quinze ans coûtent de six à sept bourses ; actuellement, au Caire, Margal vaudrait huit bourses. Cet enfant paraît avoir douze ans. Il est de Nouba ; on m’avait dit d’abord qu’il était du Darfour. Il a, paraît-il, le caractère des gens du pays, car il est susceptible. Un jour, chez Rachid-Effendi, voulant dire à Rachid ce que je pensais de l ’état de cet enfant, je renvoyai Margal, qui se mit aussitôt à fondre en larmes. Il m’a toujours paru reconnaissant des soins que je lui donnais. Mamhoud paraissait, au contraire, mécontent de ne pas assister à ce que je faisais à Margal. Ce dernier se rappelle fort bien comment il a été pris; il gardait des troupeaux sur la montagne, quand des voleurs d’hommes l ’ont enlevé et vendu à un individu qui fait métier de faire châtrer. Il paraît qu’on lui a pris la verge et les bourses ainsi que les testicules ; le tout a été lié avec une corde et enlevé avec un rasoir. On a mis sur la plaie des substances pour arrêter le sang. Cette opération a été faite il y a huit mois, soit six mois avant qu’il fût acheté par le reïs T.... Est-ce exact? ou n’est- ce pas plutôt le reïs T... qui Ta fait châtrer? Celui-ci s’en défend; il dit que pareille opération est horrible et condamnée par la religion. Je pourrais lui dire : « Mais alors pourquoi as-tu acheté un eunuque? » Je lui demande pourquoi il a préféré acheter des eunuques que des esclaves ordinaires; il me répond que c’est pour son harem. Le pauvre Margal est très-amusant quand il raconte son histoire; il la dit tout d’un trait, mais en soudandien probablement, car M. Auguste Coulomb ne peut le comprendre. Reïs T... dit que l’opération qui a mutilé Margal sauve le plus grand nombre de ses opérés. Quand Margal a été acheté, deux mois après l’opération, il ne pouvait marcher ; actuellement il porte dans l’urèthre depuis sa mutilation et il portera jusqu’à parfaite guérison, une sonde de métal qui va jusqu’à la vessie, et qui, en dehors, est fixée par des fils à une bande de linge qui va du ventre au dos. (Voy. pl. II, fig. 1, I.) Cette sonde est maintenue sur un linge qui va s’attacher en avant, à une ceinture dans la région abdominale; et en arrière, à la même ceinture dans la région dorsale.
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