ils prennent facilement nos habitudes. Ceux que j ’ai vus n’avaient ni barbe, ni moustaches, ni poils ; ils n’ont pas mal aux yeux. Ils paraissent plus propres, plus serviables que les Égyptiens ; ils aiment la toilette témoin le cuisinier de M. Billardeau, qui prenait son plus beau paletot de laine pour aller au marché, bien qu’il fit une chaleur étouffante. Les femmes abyssiniennes sont coquettes, faciles à élever; elles aiment le plaisir et sont de très-agréables maîtresses. Au Caire, la réflexion devient pénible et le travail intellectuel fatigant. On éprouve constamment le besoin de laisser reposer son corps et son entendement. On aime à s’accroupir, à voir sans regarder, à parler sans attention, à écouter des choses faciles sans se donner la peine de comprendre ; la vie se passe dans un état de somnolence continuel. A mon arrivée, au mois de février, j ’étais énergique, courageux au travail ; peu à peu mes facultés se sont affaiblies. J ’ai senti que mon cerveau s’alourdissait, et cette nonchalance, cette paresse invincible, n’ont fait que s’accroître. Vers les mois de septembre et d’octobre, j ’avais de la peine à suivre longtemps la même idée, et, je ne pouvais travailler qu’en passant bien vite d’un sujet à l’autre. Ici le travail physique est encore possible ; quant au travail intellectuel il faut y renoncer. Parfois, après avoir écrit quelques lettres sans importance, je m’arrêtais harassé, je ne pouvais plus continuer et ma tête était horriblement lourde. Je comprends maintenant la nonchalance des Turcs et des Européens. S’asseoir est GÉNÉRALITÉS. 7 encore une fatigue; il faut s’étendre, avoir chaque partie du corps soutenue par des coussins. Aussi les gens du pays ne connaissent-ils pas les tables à écrire, ils se couchent par terre sur des nattes ou des matelas, et ils écrivent sur leurs doigts sans jamais se presser. Quant à l’amour, l’acte matériel leur suffit; ils ne sauraient se donner la peine de faire leur cour, ils ne peuvent même pas surveiller leurs femmes; ils chargent les eunuques de ce soin ; je parle ici des gens riches.
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